Tout ça pour ça ! Alors qu’Anne Hidalgo n’avait pas de mots assez durs pour fustiger la loi Macron puis que le Conseil constitutionnel, saisi par la ville, lui avait donné raison, la maire de Paris a fait savoir qu’elle comptait octroyer le nombre maximum, soit douze, de dimanches annuel d’ouverture des commerces pour 2017...
C’est vrai que les choses avaient mal commencé : la mairie, après avoir récupéré cette compétence à l’instar des autres municipalités, avait fait adopter le mois dernier, en dehors de toute base légale, un arrêté pour sécuriser les ouvertures dominicales restantes pour l’année 2016.
La municipalité motive son revirement par la nécessité de permettre aux commerçants de faire face à la concurrence générée par les zones touristiques internationales, ouvertes, elles, chaque dimanche. Or force est de constater que beaucoup de magasins dans ces zones ont encore leur rideau baissé... en raison de la résistance des salariéEs concernés et de leurs syndicats.
Plus encore, alors que la fréquentation commerciale est en baisse, en particulier suite aux craintes des touristes, l’intérêt purement économique d’étendre davantage les horaires, de surcroît avec le coût supplémentaire que cela entraîne, est nul.
Une majorité municipale en ébullition
Outre la bouillonnante Danielle Simonnet, seule élue PG de la capitale, les groupes PCF et EÉLV n’ont pas manqué de monter au créneau pour s’offusquer de la mesure. La bataille se cristallisera à l’occasion du prochain conseil de Paris, prévu du 7 au 9 novembre, qui doit avaliser la mesure. Les arguments des éluEs précités ne manqueront pas de résonner dans l’enceinte, et le CLIC-P, l’intersyndicale du commerce parisien, est bien décidé à se faire entendre, y compris en manifestant le jour J.
Il est de plus question de créer une nouvelle zone touristique dénommée Vill’Up située dans l’enceinte de la Cité des sciences dans le 19e arrondissement. Là aussi, la mairie dit oui... mais la riposte se prépare au plan local. L’enjeu est loin d’être mince : par petites touches, c’est bien à la généralisation du travail dominical et nocturne à laquelle on assiste, ce qui aboutira à sa banalisation pour les salariéEs concernés. Face à Hidalgo qui a choisi le camp des patrons des grandes enseignes, les travailleurs du commerce doivent reprendre le flambeau de la lutte !
Laurent Degousée