Le 26 novembre avait lieu à Amazon le traditionnel Black Friday. Cette opération commerciale a été l’occasion que s’exprime, en interne comme en externe, une opposition inédite à la politique de la célèbre multinationale qui ne fait pas sourire tout le monde, à commencer par ses propres salariéEs.
En France, plusieurs sites ont été secoués par des appels à débrayer lancés par la CGT, FO et Sud. Ils ont été suivis à Lauwin, à Sevrey où un barrage filtrant a été installé par le personnel mobilisé, à Senlis, qui faisait grève pour la première fois, ou à Brétigny-sur-Orge. Sur ce dernier entrepôt, un rassemblement a été organisé à partir de midi, heure du changement d’équipe, à l’entrée, l’occasion pour plusieurs (ex-)employéEs de témoigner de la dureté de leurs conditions de travail en présence d’une délégation d’éluEs de La France insoumise.
« Make Amazon Pay »
Plus encore, les derniers licenciements prononcés, dont certains sont contestés devant les Prud’hommes avec l’aide de la Fédération Sud Commerce, laissent entendre que la direction ne souhaite pas que le personnel fasse de vieux os, histoire de ne pas chercher à remettre en cause l’exploitation dont il est l’objet. La spécificité de ce site est que le nombre d’intérimaires y est proche de celui des salariéEs fixes (2 600 respectivement pour 3 000) ce qui contrevient au Code du travail. Toutes et tous sont malheureusement à égalité quand il s’agit, pour celles et ceux dépourvus de véhicule, de rallier l’entrepôt à pied depuis le RER le plus proche, soit une demi-heure de marche dans le froid, voire de nuit pour l’équipe du matin, suite à la fin des navettes dédiées : scandaleux ! En cause également, le doublement par l’entreprise de la prime inflation mise en place par le gouvernement, soit 200 euros comme à Carrefour, pour mieux faire passer la pilule de la perte de 300 euros, la prime de pouvoir d’achat, versée depuisde 2019.
En Europe, le site italien de Piacenza, une place forte du syndicalisme alternatif, a lui été bloqué par plus de 1 000 travailleurEs, six autres en Allemagne ont été impactés et, en Pologne, Initiative des Travailleurs, syndicat anarcho-syndicaliste bien implanté dans l’enseigne, en a profité pour dénoncé le licenciement récent de l’une de ses représentantes après que celle-ci eut enquêté sur le décès d’un de ses collègues. Cette journée est indiscutablement une victoire pour la coalition « Make Amazon Pay » qui a réussi à fédérer syndicats et activistes d’une vingtaine de pays mobilisés en même temps.