Harcèlement sexuel et moral, insultes, agressions sexuelles, viols, violences physiques… les violences faites aux femmes sont multiformes, se cumulent et s’expriment partout : à la maison, au travail, dans la rue. Elles touchent tous les milieux sociaux. Et elles tuent : en 2013, 129 femmes sont décédées des violences de leur compagnon ou de leur ex.
Les violences faites aux femmes sont l’expression de la domination physique, symbolique et économique que subissent les femmes. Un système patriarcal et capitaliste à combattre
Dans cette société, patriarcat et capitalisme se conjuguent : la précarité, le chômage, le sous-emploi, la prise en charge des besoins sociaux à titre gratuit (les fameuses « tâches domestiques »), les publicités avilissantes, les victimes des systèmes prostitueurs... ont un visage féminin.Les politiques d’austérité font payer particulièrement cher aux femmes la crise du capitalisme : flexibilité grandissante du travail, destruction des services publics, attaques contre les retraites, contre le droit à la santé, baisse des subventions aux associations, etc. Tout ceci contribue à retirer toujours plus aux femmes les moyens de s’extraire des violences, les rendant plus dépendantes des liens familiaux alors que c’est au sein de la famille que la majorité des violences ont lieu.
Combattre les réacs et l’extrême droiteLutter contre les violences faites aux femmes s’articule nécessairement au combat contre la montée des idées réactionnaires et de l’extrême droite. À la suite des manifestations contre le mariage homosexuel, les actes homophobes, notamment lesbophobes, ont augmenté.Depuis plusieurs mois, c’est contre la « théorie du genre » que les réactionnaires se mobilisent. Pour eux, la reconnaissance de l’oppression des femmes et le combat féministe pour l’égalité des droits sont intolérables. En promouvant une image « traditionnelle » de la famille et de la place des femmes (douces, mères, épouses, ménagères... donc forcément dominées !), ils représentent un réel danger pour les femmes. Il y a fort à parier que cette année encore, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, on entende le petit refrain des masculinistes (ces hommes qui s’organisent pour les droits des hommes, attaquant de fait ceux des femmes) sur les hommes victimes des violences de leurs compagnes. Pourtant, bien que trop parcellaires, les chiffres sont têtus. En 2012, sur les 26 hommes morts d’homicides commis par leur compagne ou ex-compagne, 16 d’entre eux étaient auteurs de violences conjugales... Les contre-vérités ainsi véhiculées n’ont qu’un but : nier la réalité des violences sexistes et donc le fait que nous vivons dans une société patriarcale... pour mieux la maintenir.
Un gouvernement offensif dans l’austérité, en recul sur les droits des femmesAprès avoir instrumentalisé l’égalité des droits entre les femmes et les hommes pour faire passer les reculs sociaux de sa première moitié de mandat (notamment l’ANI et la réforme des retraites), Hollande ne s’embarrasse même plus des droits des femmes. Avec le remaniement ministériel de la rentrée, exit le ministère des Droits des femmes de plein droit. Dorénavant il s’agit d’un secrétariat d’État... rattaché au ministère des Affaires sociales : tout un symbole, et pas des plus progressistes !Si nous ne nous faisions aucune illusion sur ce ministère des Droits des femmes, sa suppression peut être analysée comme répondant à deux objectifs pour le gouvernement. Tout d’abord, resserrer l’équipe gouvernementale pour mener l’accélération des attaques antisociales de la seconde moitié d’un quinquennat bien peu populaire. Mais aussi, à nouveau et encore, envoyer des signes aux réactionnaires après les mobilisations de la Manif pour tous du printemps dernier.Nous ne devons compter que sur nous-mêmes, et pour cela nous avons besoin d’un mouvement féministe déterminé et inclusif. Or, cette année encore, à Paris, nous déplorons que le mouvement pour les droits des femmes reste divisé. Le NPA a suivi la construction des deux initiatives, appelle aux deux, mais n’est signataire d’aucun des appels que nous jugeons trop clivants.La bonne nouvelle, c’est que cela donne l’occasion de manifester deux fois contre les violences faites aux femmes !
Abby Taro