Depuis la diffusion, le 7 décembre dernier, de l’émission Complément d’enquête sur France 2 consacrée à Gérard Depardieu où on peut l’y voir tenir des propos racistes, sexistes et pédocriminels, le monde du cinéma et de la culture en général est secoué.
Les propos et les comportements de Gérard Depardieu ne sont pas une surprise. Pas une surprise pour la justice d’abord puisque depuis 2018 Depardieu est visé par trois plaintes pour viols et ou agressions sexuelles et qu’il est mis en examen depuis 2020. Pas une surprise non plus pour les médias puisqu’en avril 2023 sur Mediapart, 13 femmes témoignaient de violences sexistes et sexuelles perpétrées par Depardieu. Pas une surprise enfin pour le monde du cinéma où même les soutiens de Depardieu invoquent l’excuse de « C’est Gérard, ça va », confirmant qu’il s’agit là de son attitude habituelle.
Voix réactionnaires en soutien à Gérard Depardieu
À croire que les violences commises par Depardieu étaient dans un hors-champ permanent, alors que les images sont implacables et nous indignent : Depardieu tient, alors qu’il se sait filmé, des propos sexistes et sexualisants envers quasiment toutes les femmes qu’il croise, y compris une petite fille de 10 ans. En particulier, il s’adressera à plusieurs reprises à son interprète. On assiste, impuissantEs, à son harcèlement sexuel à l’écran. Ce qu’il fait, face à une caméra, vient révéler et confirmer tout ce qui peut se passer en dehors.
Mais face à cette indignation collective, il fallait bien des voix réactionnaires prêtes à tout pour défendre un sacré monstre, quand bien même et surtout si celui-ci est accusé de viols, d’agressions sexuelles et tient des propos sexistes, racistes et pédocriminels. À ce sport, le grand gagnant est bien sûr Macron qui déclarait ainsi le 20 décembre : « Moi je suis un grand admirateur de Gérard Depardieu, c’est un immense acteur [...] Il rend fière la France ». Puis, le 25 décembre c’est une tribune de soutien à Gérard Depardieu qui paraît dans le Figaro. Signée par 55 artistes (qui depuis s’en désolidarisent), elle avait été initiée par un proche d’Éric Zemmour, éditorialiste au magazine conservateur Causeur. Y était expliqué notamment que « Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque ». D’un coup, on ne sépare plus l’homme de l’art.
Croire les victimes, enfin !
Dans le monde du cinéma, dans le monde de la culture, il y aura un avant et un après. Car face à cette tribune et aux lignes de défense crasses de Depardieu et ses proches («c’était un montage», «elles veulent leur quart d’heure de gloire», «c’était un scénario», «ce sont des menteuses», «ce n’est pas grave»…) il y a enfin une réponse. 8000 artistes signent la tribune sur Cerveaux non disponibles, 150 artistes signent celle dans Libération, ielles choisissent de croire les victimes et n’en peuvent plus, comme nous, de devoir « séparer l’homme de l’artiste ». C’est une véritable vague face à ce « monument » qui devient bien petit d’un coup, bien faible, bien rien du tout.
Pourtant, il nous faudra toujours continuer le combat, les tribunes sont une avancée mais ne se suffisent pas toutes seules, il nous faudra lutter dans la rue. Il nous faudra crier plus fort encore, imposer un rapport de forces pour que les agissements de Depardieu et de tous les autres disparaissent, qu’ils ne soient plus jamais justifiés… car ils sont injustifiables, tout simplement !