Publié le Dimanche 30 mars 2014 à 09h40.

Télévision : les sexistes prennent l’antenne

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) vient d’adresser une « mise en garde » à France Télévisions pour les propos sexistes tenus lors des jeux Olympiques de Sotchi. Cette mise en garde met en lumière le sexisme dans les médias et à la télévision en particulier.

Le sexisme à la télé, ce n’est pas nouveau, mais ces derniers mois on peut dire que les différents programmes (émissions sportives, actualités, télé-réalités…) lui font la part belle, renforçant et justifiant les inégalités et le machisme au quotidien.

Médaille d’orLes commentateurs sportifs de France Télévisions, Montfort et Candeloro en tête, ont remporté la médaille d’or toute catégorie du populisme nationaliste et du sexisme lors des JO de Sotchi. « En tout cas, moi, je connais plus d’un anaconda qui aimerait venir l’embêter un petit peu cette jeune Cléopâtre canadienne… » ou « Ce sont des jeunes femmes extrêmement fines, extrêmement jolies, extrêmement élancées, dont l’aérodynamisme n’a d’égal que le charme. » Sans parler de : « Ah, elle a beaucoup de charme Valentina, un petit peu comme Monica Bellucci. Peut-être un peu moins de poitrine, mais bon… ». Voilà ce que nous avons pu entendre tout au long des épreuves de patinage artistique, sans que la direction de France Télévisions et en particulier son directeur des sports, Daniel Bilalian, ne réagisse.Pire, ce dernier, ne trouve rien à redire à ces propos : « Les journalistes ont commenté avec de l’enthousiasme, peut-être parfois de l’excès d’enthousiasme, de superlatifs ? Et alors, est-ce qu’on peut leur en faire le reproche ? »Les commentateurs sportifs ne sont pas les seuls à la télévision à se « lâcher » : Thierry Ardisson dans « Salut les terriens ! » a expliqué récemment très sérieusement qu’« une femme qui présente une émission de rugby, c’est comme un homme qui met de la crème hydratante ». Lors d’émissions de télé-réalités, le sexisme et les stéréotypes font également rage sur France Télévisions comme sur toutes les chaînes de la TNT. Dans l’émission « Qui sera le grand pâtissier ? », on a entendu par exemple que les femmes auraient des compétences particulières pour réaliser des gâteaux. Ce genre d’inepties fige dans le marbre les stéréotypes et les préjugés, qui sont à la racine des inégalités. Mais la pire des émissions sexistes de ces dernières années est sans aucun doute « Le Bachelor », où un homme (beau et riche) doit faire son « choix » entre 25 jeunes femmes mises constamment en concurrence !

Où sont les femmes ?Au-delà des propos sexistes, c’est la place des femmes à la télévision qui pose problème. Selon le collectif Prenons la Une, les femmes « ne représentent que 18 % des experts invités. Les autres femmes interviewées sont trop souvent présentées comme de simples témoins ou victimes, sans leur nom de famille ni leur profession ». Ne parlons même pas des débats politiques, économiques, aux plateaux exclusivement masculins !Le CSA a publié deux rapports édifiants, indiquant que la part des femmes intervenant dans les éditions d’information analysées est inférieure à 20 % (contre un peu de plus de 80 % pour les hommes) quel que soit le type de média (chaînes généralistes, chaînes d’information). Même chose pour les émissions dites de plateau : « dans l’ensemble des émissions analysées, le temps de parole des femmes (quel que soit leur rôle à l’antenne) ne représente que 30 % du temps de parole total ». La télévision véhicule stéréotypes et propos sexistes. Faut que ça cesse, c’est urgent !

Sandra Demarcq