L’étude conjointe menée par le ministère des Droits des femmes et le ministère de l’Intérieur, rendue publique le 7 mai dernier, se félicite de la « baisse » des violences faites aux femmes, et notamment du nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint : 121 en 2013 contre 146 en 2012.
La médiatisation de ces chiffres sert à prouver que les maigres dispositifs mis en place par le ministère des Droits des femmes commencent à porter leurs fruits. Mais ce relatif satisfecit cache une dure réalité...
Moins de femmes mortes qu’en 2012, mais autant qu’en 2011 ! 121 femmes tuées en 2013 par leur conjoint ou ex-conjoint, c’est un chiffre énorme : 1/5 des homicides en France ! Ces crimes sexistes devraient déclencher une véritable indignation, mais notre société accepte encore beaucoup quand les victimes ne sont « que » des femmes. Le 39 19, numéro d’appel anonyme et gratuit, a reçu lui deux fois plus d’appels en 2013 qu’en 2012. Sa médiatisation y est probablement pour quelque chose, mais la dégradation des conditions de vie des femmes aussi.
Des moyens de lutte contre les violences Le projet de loi égalité hommes-femmes actuellement en discussion comporte un volet de lutte contre les violences qui nous promet de vrais moyens de lutte. Le premier et le plus visible est la généralisation du système du téléphone d’urgence accordée à des femmes dont la vie est reconnue en danger, relié directement au commissariat le plus proche. N’oublions pas que certaines femmes assassinées par leurs conjoints ou ex avaient déjà alerté la police, mais leur plainte avait été requalifiée en main courante, voire carrément refusée. Au-delà de ces actions, on se demande où sont les politiques de prévention, le travail d’éducation, d’information, pour combattre les violences ? Et quelles actions concrètes menées contre tous ceux qui les banalisent ou les légitiment ?
Quantifier toutes les violencesAux violences que subissent les femmes dans la sphère privée, s’ajoutent celles qu’elles subissent au travail et dans la sphère publique. Au travail, la situation se dégrade très nettement : la tension touche une femme sur trois et un homme sur cinq, et si le nombre d’accidents du travail des hommes reste supérieur à celui des femmes, il augmente de plus de 26 % pour elles alors qu’il diminue de 20 % pour eux. On manque de chiffres pour quantifier le harcèlement moral et sexuel mais on sait que les premières victimes en sont les femmes. De récentes campagnes médiatiques sur le harcèlement de rue notamment ont réussi à médiatiser ce phénomène. Tant que toutes ces violences continueront à être acceptées socialement, nous pourrons malheureusement continuer à compter chaque année le nombre de victimes.
Hélène Pierre