Publié le Lundi 1 juin 2009 à 22h15.

Goodyear : douche froide 

La direction de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord (1400 salariés) a annoncé, mardi 26 mai, 820 licenciements. 

 

 

En se débarrassant de 84,5% des effectifs du secteur « Pneu tourisme » (pour voitures) et en annonçant la vente du secteur « Pneu agricole » (440 postes), les patrons signent clairement l’arrêt de mort du site. Partagés entre colère et fatalisme, les salariés accusent le coup, même si chacun s’attendait à cette décision. « Tout le monde en a marre, plus personne n’est motivé pour travailler», lâchent des ouvriers.

Comme si cette annonce ne suffisait pas, la tentative de la direction et du gouvernement de faire endosser par la CGT, ultramajoritaire, la responsabilité de la situation, pour avoir refusé la réorganisation « en 4x8 » achève de mettre les nerfs à vif. La proposition de la direction consistait alors à assurer la production avec quatre équipes au lieu de cinq et à déstructurer tous les rythmes de travail, avec des effets ravageurs sur la santé et la vie de famille des salariés. La venue d’Olivier Besancenot sur le site pour soutenir cette lutte exemplaire avait été très appréciée.

Depuis, l’expérience des « Conti » à Clairoix (Oise), qui avaient accepté le passage à 40 heures en espérant préserver leur emploi, avant que les patrons ne décident tout de même de fermer le site, a servi de leçon. Tandis que la direction de Goodyear avait systématiquement refusé toutes les propositions alternatives des syndicats, sa décision de fermer le site apparaît ici tout autant comme une vengeance et une punition que comme la conséquence du privilège donné par elle depuis des années à la rentabilité financière immédiate aux dépens de l’investissement. « La direction est seule responsable », conclut la CGT dans un communiqué.

Se pose maintenant la question des perspectives. Certains, parmi les salariés, ont légitimement envie d’en découdre tout de suite. Très vite, les responsables syndicaux ont indiqué que, les licenciements devant intervenir effectivement en 2010, il s’agissait d’une lutte de longue haleine. Une grève immédiate risquerait, selon eux, de mettre tout le monde à genoux en une semaine ou deux, sans assurance de succès. De plus, il semble nécessaire d’ajuster au mieux les revendications : se battre pour le maintien du site ou partir dans les meilleures conditions possibles ? La question fait débat dans les équipes et, semble t-il, entre les syndicats. Depuis, l’annonce des conditions de départ arrachées par les syndicats de Continental fait réfléchir tout le monde : une indemnité conventionnelle de 0,6% d’un mois de salaire par année d’ancienneté, un contrat de travail maintenu jusque fin 2011, un congé de reconversion de 23 mois, et 50000 euros de prime extralégale.

Quoi qu’il en soit, la riposte s’organise, et plusieurs dates étaient déjà annoncées: le 2 juin, une journée de grève et de multiples actions, dont une jonction avec les « Conti »; le 5 juin, un concert de soutien est organisé devant la gare d’Amiens; le 11 juin, est prévu un déplacement à Rueil-Malmaison pour le comité central d'entreprise; enfin, la présence des Goodyear dans la mobilisation interprofessionnelle du 13 juin s’annonce massive.

A chaque fois, les militants du NPA seront à leurs côtés, avec un seul mot d’ordre, plus que jamais d’actualité : « Nous ne paierons pas leur crise. »