Les cérémonies du 60e anniversaire de l’Otan, début avril, à Strasbourg, Kehl et Baden Baden, réuniront tous les chefs d’État des pays membres, sous la houlette des États-Unis. La guerre en Afghanistan sera au cœur de ce sommet.
Dans un contexte de crise économique mondiale et d’exacerbation des tensions internationales illustrée par l’abjecte offensive d’Israël contre le peuple palestinien, un peu plus de deux mois après l’investiture d’Obama, les cérémonies du 60e anniversaire de l’Otan prendront une signification toute particulière. Elles affirmeront, avec éclat et fastes, la stratégie de l’impérialisme américain impulsée par Obama, conjuguant la continuité du déploiement militaire à une offensive diplomatique pour y associer le plus largement possible d’autres pays. C’est ce que certains commentateurs appellent la prise en compte, par Obama, de « la multipolarité du monde », dans le cadre de la redéfinition du rôle de l’Otan.
La justification de la création de l’Otan, en 1949, pour faire face aux prétendues menaces de guerre de l’URSS, était une fable de la propagande impérialiste. L’Otan était une alliance politique et militaire destinée à assurer la domination de l’Empire américain et de ses alliés, et elle a gardé cet objectif depuis l’effondrement de l’URSS.
Pour faire face aux bouleversements provoqués par la mondialisation, les États-Unis veulent élargir leur champ d’influence et d’intervention militaire. « Nous n’avons plus les forces de tout faire dans le monde », déclarait la nouvelle secrétaire d’État, Hillary Clinton, plaidant pour associer d’autres États au maintien de l’ordre mondial. C’est le sens de l’intégration probable de l’Ukraine et de la Géorgie pour faire pression sur la Russie. C’est aussi l’objectif de la ratification, le 2 décembre dernier, juste avant l’attaque contre Gaza, d’un « programme de coopération individuel » avec Israël, en particulier sur le thème du contre-terrorisme, visant à « contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région ».
Barack Obama a déclaré, lors de sa campagne : « Le front central dans la guerre contre le terrorisme n’est pas et n’a jamais été en Irak. Pour cette raison, mettre un terme à cette guerre est décisif, si nous voulons en finir avec les terroristes responsables des attentats du 11 Septembre, c’est-à-dire Al-Qaida, les talibans, présents en Afghanistan et au Pakistan. » D’ici l’été, 30 000 soldats américains vont aller renforcer les 34 000 autres déjà présents en Afghanistan, dont 2 200 marines. Il faut y ajouter les 30 000 soldats des autres pays de l’Otan, dont ceux de la France. Cette guerre vise, en réalité, à assurer le contrôle d’une région stratégique pour laquelle, comme l’écrivait sans fard le New York Times du 31 décembre, « les États-Unis cherchent à élargir les routes d’approvisionnement dans la guerre en Afghanistan ». L’Otan répond aux besoins des multinationales contre les peuples, au mépris de leurs droits.
La lutte pour changer le rapport de force en faveur des travailleurs, ici, inclut la lutte contre la guerre, contre la politique de notre propre impérialisme dirigé par Sarkozy, qui entend engager plus avant la France en réintégrant le haut commandement militaire de l’Otan. C’est pourquoi le contre-sommet international, qui aura lieu à Strasbourg du 1er au 5 avril, revêt une importance particulière. Deux mois avant les élections européennes, il est important que la voix internationaliste des anticapitalistes s’y fasse entendre. En particulier lors de la manifestation du samedi 4 avril. Tous ceux qui veulent prendre en main la mobilisation ont rendez-vous, les 14 et 15 février, pour la conférence internationale de préparation à Strasbourg. Ils trouveront les informations et contacts sur le site du collectif Otan-Afghanistan (http://appelotanafghanistan.org) et du collectif strasbourgeois (www.non-otan-strasbourg.eu).