Le 13 mai 2005, en pleine guerre civile en Côte d’Ivoire, des soldats français de la Licorne assassinent un jeune ivoirien de 29 ans Firmin Mahé, suspecté d’être un bandit de grand chemin.Blessé à la jambe par un tir lors de son interpellation, il sera tabassé et étouffé à l’aide d’un sac plastique, pendant son transport à bord d’un véhicule blindé à l’hôpital de Man, principale ville de la région ouest du pays.Depuis la semaine dernière se tient le procès des quatre militaires impliqués dans cet assassinat. Le colonel Burgaud ne cesse d’affirmer qu’il a reçu de sa hiérarchie un ordre implicite « Roulez doucement, vous me comprenez », et donne l’ordre aux trois autres de tuer le prisonnier. Mis en cause directement, le général Poncet qui, avant d’être responsable de la Licorne en Côte d’Ivoire avait mené l’opération Amarillys au Rwanda, a toujours nié et a bénéficié d’une ordonnance de non-lieu.Cet assassinat de sang froid continue d’être justifié par les inculpés qui considèrent que « le supprimer était la moins pire des solutions » d’autant plus révoltant qu’il est fort probable qu’il y a eu erreur d’identité, et que Firmin Mahé ne soit pas du tout un « coupeur de route ».Toujours est-il que si ce procès est salutaire, il serait nécessaire qu’un autre s’ouvre pour juger les responsables de la mort de dizaines d’Ivoiriens tombés sous les balles de l’armée française, alors qu’ils manifestaient sur l’esplanade de l’hôtel Ivoire à Abidjan contre les accords de Marcoussis, imposés par le gouvernement français de l’époque.Paul Martial