Publié le Jeudi 30 octobre 2025 à 09h00.

Aidé par Trump, Milei gagne les législatives de mi-mandat

Pour la deuxième fois en deux ans, le président Milei déjoue les pronostics et obtient une victoire qui change les équilibres politiques du pays. 

Avec plus de 40 %, la coalition dominée par La libertad avanza (LLA), le parti du président, arrive en tête du scrutin. Cette victoire se produit certes dans le cadre d’une alliance avec Propuesta Republicana (PRO), le parti de l’ancien président Mauricio Macri. Et une des têtes de liste était Patricia Bullrich, ministre de l’Intérieur, candidate arrivée en 3e place lors des présidentielles de 2023. Mais il s’agit d’une victoire claire pour Milei, qui obtient 64 sièges lors de ce scrutin partiel, dont 8 seulement lui étaient déjà acquis.

Une victoire subventionnée en dollars

Aujourd’hui, LLA compte ainsi au total 93 députéEs, contre 37 auparavant, auxquelLEs il faut ajouter les 15 de ses alliés du PRO. Son alliance dispose donc de 108 députéEs, 42 % des sièges. Cette majorité relative permettra à Milei de continuer à gouverner avec autoritarisme, puisqu’il faut deux tiers de chaque chambre pour annuler les décrets et les vétos présidentiels.

Une telle victoire n’aurait pas été possible sans l’aide de son ami Trump, qui a sauvé pour un temps la stabilité économique de l’Argentine avec une aide financière de 20 milliards de dollars, notamment en achetant des pesos. Cette aide s’accompagnait d’une promesse et d’une menace : si Milei gagnait, il y aurait 20 milliards supplémentaires ; s’il perdait, il n’y aurait rien.

Deux grands perdants

Le premier perdant est le péronisme, avec 32 %, et 44 députéEs éluEs lors de ce scrutin et 98 au total. Ce parti n’a même pas réussi à gagner dans son bastion, la province de Buenos Aires, où le gouverneur Axel Kicilof est l’un des principaux candidats de l’opposition pour les prochaines présidentielles. Cette défaite est un signe clair de l’incapacité de ce mouvement à  représenter un espoir pour les classes populaires, après des années au gouvernement, les scandales de corruption de l’ancienne présidente Cristina Kirchner et les disputes internes pour le contrôle du mouvement. Le taux de participation de 68 % est le plus faible depuis 1983 et la fin de la dictature militaire. Cette forte abstention, alors que le vote est obligatoire, traduit une méfiance généralisée de la population envers les partis politiques et met surtout en lumière l’incapacité du péronisme à mobiliser sa base.

L’autre grand perdant est le Parti radical, qui a presque disparu du Parlement, avec seulement 7 % des voix au niveau national. Ce parti, le plus ancien d’Argentine, a pourtant dirigé le pays à de nombreuses reprises, notamment à la sortie de la dictature en 1983. Il continue à payer la politique qu’il a menée lors de la crise de 2001 et ses alliances avec la droite de Mauricio Macri. Aujourd’hui, il n’est plus audible pour sa base sociale, essentiellement la classe moyenne, qui penche pour un soutien à Milei afin de garantir un minimum de stabilité financière.

Un bon score de l’extrême gauche

Le FIT-U a obtenu presque 5 % et 3 députéEs. Dans la ville de Buenos Aires, il a fait plus de 9 % et arrive en 3e position. Les deux têtes de liste principales, Myriam Bregman et Nicolás del Caño, parviennent à se faire entendre d’une couche plus large que celle de la gauche radicale. Malgré ce bon score, l’extrême gauche argentine reste très minoritaire et elle n’est pas en mesure de montrer le chemin pour mettre un coup d’arrêt aux politiques réactionnaires de Milei.

Martin Hache