Version longue disponible. Le 6 janvier, la Corée du Nord a annoncé avoir effectué son premier test d’une bombe H (à hydrogène) dite aussi thermonucléaire. Pyongyang avait auparavant effectué trois essais souterrains de bombe A (atomique) en 2006, 2009 et 2013.
Une bombe H (utilisant la fusion nucléaire) s’avère beaucoup plus puissante qu’un engin atomique classique. Si l’essai du 6 janvier dernier est bien confirmé par des experts, ils doutent qu’il s’agisse d’une bombe thermonucléaire, de même qu’il n’est pas certain que l’engin ait été miniaturisé, comme l’affirme Pyongyang, au point de pouvoir être porté par un missile de longue portée.
Depuis 1994, des négociations se sont déroulées pour geler durablement le programme nucléaire militaire de la Corée du Nord, impliquant au final, outre les deux Corée, la Chine, les États-Unis, le Japon et la Russie. Quatre accords successifs ont été signés, qui tous ont avorté plus ou moins rapidement. Des échecs disons à tort partagé...
Les pourparlers sont aujourd’hui au point mort. En effet, il ne s’agit plus simplement de négocier l’arrêt d’un programme militaire (comme en Iran), mais d’obtenir le désarmement d’un État qui possède déjà l’arme atomique… et qui est lui-même menacé par un déploiement nucléaire massif dans la région sous l’égide des États-Unis. Washington n’a par ailleurs pas grand-chose à offrir en contrepartie.
Le régime nord-coréen applique la doctrine de la « dissuasion » du « faible au fort » qui hier a servi à justifier les programmes nucléaires russe, chinois, français, britannique, puis israélien, indiens, pakistanais… L’anéantissement en 1945 d’Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis, le crime originel, a induit une dynamique implacable de prolifération. Cette dynamique va se poursuivre et le feu nucléaire frappera à nouveau, ne serait-ce qu’à l’occasion d’un conflit régional, si le mouvement pour le désarmement ne reprend pas de l’ampleur. à commencer, pour nous, ici en France.
Pierre Rousset