Lundi lors de sa conférence de presse, Hollande a affiché son hypocrisie et son cynisme face à la crise des migrants en posant au chef de guerre pour tenter de reprendre l'initiative, ici et vis-à-vis de Merkel.
Hypocrite et cynique, il ne fait rien d'autre pour les réfugiéEs que d'appliquer les décisions de la Commission européenne de répartir 120 000 réfugiéEs entre les États membres, soit 24 000 en France sur deux ans. « C’est l’honneur de la France que d’avoir toujours accueilli les persécutés », a-t-il osé déclarer. Comparé aux 20 000 arrivés sur ce seul week-end en Allemagne, l'effort est pour le moins limité quant on sait qu’il y a 4 millions de réfugiéEs syriens dont 1,8 million en Turquie, plus d’un million au Liban…
Mais le pire est qu'Hollande utilise l'émotion suscitée par le drame des réfugiéEs pour annoncer des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie. Ces vols de reconnaissance « permettront d'envisager des frappes contre Daech, en préservant notre autonomie d'action et de décision ». Le Parlement serait consulté le 15 septembre histoire de réaliser l'union nationale des politiciens derrière lui. Hollande se serait mis d'accord avec le Premier ministre britannique David Cameron pour, selon un communiqué de l’Élysée, évoquer « la Syrie et le renforcement de l'action de la France et du Royaume-Uni pour se coordonner dans leur lutte contre Daech et travailler en parallèle à une transition politique ordonnée ». En clair, une nouvelle intervention militaire des grandes puissances dans la continuité de celles qui, sous la houlette des USA, ont déstabilisé tout le Moyen-Orient... et engendré l’État islamique.
Loin d'apporter la moindre réponse au drame des migrantEs, ces bombardements ne peuvent qu'aggraver une situation dans laquelle la France porte une lourde responsabilité. Les principales victimes en seront les populations.
Le drame migratoire est la conséquence de la politique libérale et impérialiste des grandes puissances, des guerres qu'elles ont menées pour soumettre les peuples en Afghanistan, en Irak, du pillage de leur richesse, de la misère qu'elles répandent en les étouffant par la dette au profit de l'oligarchie financière.
Hollande défend les intérêts de cette dernière, pas ceux des migrantEs encore moins que les nôtres. Non aux frappes aériennes, non à une nouvelle intervention en Syrie !
Yvan Lemaitre