Mercredi 12 mars le gouvernement de Milei a réprimé une manifestation en soutien aux retraitéEs. Plus de 100 interpelléEs, des dizaines des blesséEs et un photojournaliste entre la vie et la mort suite à un tir de lacrymo en pleine tête.
Depuis longtemps des retraitéEs manifestent tous les mercredis pour exiger une augmentation des pensions de retraite qui, dans la plupart des cas, sont dérisoires. Souvent elles ne suffisent qu’à couvrir les dépenses de santé. Ces manifestations, qui reprennent une tradition des années 1990, sont souvent très petites, regroupant quelques dizaines de personnes. Ceci n’a pas empêché le gouvernement de les réprimer. Une vidéo montrant un policier molestant un retraité portant un maillot de foot a fait réagir les supporteurs (de différentes équipes) qui avaient annoncé leur volonté de se déplacer pour soutenir les retraitéEs. Les partis de gauche ont fait de même.
Le gouvernement prépare l’offensive
La manifestation s’annonçait tendue d’emblée. Le gouvernement avait annoncé qu’il allait appliquer le « protocole anti-piquets » qui a pour conséquence d’empêcher toute entrave à la circulation, et ce même si la Constitution argentine garantit le droit de manifester et qu’aucune déclaration préalable n’est exigée par la législation. Il justifiait la répression par la présence supposée des ultras mais dès le début de la manifestation elle a été déclenchée.
Les images sont sans appel. Des affrontements, des lacrymos et des matraques. Mais deux scènes ont marqué les esprits : dans l’une, on voit un policier frapper avec sa matraque une femme âgée, qui tombe évanouie ; dans l’autre, un photojournaliste qui essaye de prendre une photo derrière une petite barricade en feu et qui est frappé par un tir tendu de gaz lacrymogène. Son pronostic vital est toujours engagé. La police n’arrivait pas à disperser la manifestation et la répression a duré plusieurs heures. Le soir même, la population a répondu avec des casserolades et des manifestations spontanées, qui ont réussi à atteindre la Plaza de Mayo, devant le palais gouvernemental.
Le lendemain, le gouvernement a justifié ses actions en dénonçant une tentative de coup d’État car, selon eux, il s’agissait d’une manifestation « séditieuse ». Dans le même temps la ministre de l’Intérieur Patricia Bullrich a non seulement défendu sans nuances les actions de la police, même pour le tir tendu qui a blessé le photographe, mais également dénoncé la juge qui a libéré les gardés à vue le soir même. Cette dernière jugeait leur interpellation illégale étant donné que la manifestation est un droit.
Le soulèvement du peuple, un espoir pour renverser la tendance
Le gouvernement est affaibli par le scandale de l’arnaque des cryptomonnaies, par une économie qui continue à battre de l’aile malgré une austérité féroce et par d’autres scandales politiques. Cependant, il continue à avoir un soutien assez large dans la population mais surtout un soutien sans faille chez les patrons. La grève générale de 24 heures qui semble se préparer pour début avril peut changer la donne, même si les élections législatives qui renouvelleront la moitié du parlement en octobre seront l’échéance centrale pour voir sur quelles bases tient le gouvernement de Milei.
Martin N.