Publié le Samedi 12 juillet 2025 à 08h00.

Festival antiraciste à Athènes, un grand succès sur fond d’offensive de racisme d’État

Des milliers de participantEs, de nombreux débats et une solidarité internationale affirmée : le Festival antiraciste d’Athènes 2025 témoigne de la vitalité du mouvement antiraciste, malgré une situation politique alarmante en Grèce.

 

Le 26e Festival antiraciste a de nouveau vu participer des milliers de personnes, dont de très nombreux jeunes, aux débats, aux concerts, aux repas de cuisines du monde entier, à la découverte des stands politiques et associatifs (avec de nombreuses associations de peuples étrangers)... Comme chaque année, il s’agit d’un moment d’organisation unitaire qui reflète la force du mouvement antiraciste — même si celui-ci reste trop fragmenté le reste de l’année.

Une politique raciste assumée par le gouvernement Mitsotakis

Le gouvernement grec de Kyriakos Mitsotakis est en pointe dans la politique anti-réfugiéEs, en conformité avec les orientations de l’Union européenne… qui, en même temps, trouve qu’il est trop démonstratif dans sa politique raciste ! Ainsi, le précédent ministre « de la Migration », Makis Voridis, était-il le responsable des jeunesses de la junte fasciste des colonels. Il a été immédiatement remplacé à ce poste par le fils de l’idéologue nazi Kostas Plevris, qui avait fait connaître son programme il y a une dizaine d’années : tuer des réfugiéEs pour les dissuader de venir.

Avec de tels ministres, nommés par Mitsotakis pour fidéliser l’électorat d’extrême droite, on comprend que la situation est intolérable. Ainsi en est-il dans les « camps d’accueil », situés sur des îles face à la Turquie et en réalité invivables. La Commission européenne dénonce en outre l’absence de la moindre aide financière aux réfugiéEs reconnuEs comme telLEs. La situation des mineurEs non accompagnéEs est très inquiétante et l’État grec a été deux fois condamné par le Tribunal européen des droits de l’homme à ce sujet.

Par ailleurs, les refoulements illégaux de bateaux vers les eaux internationales continuent, deux ans après le naufrage du bateau transportant 750 réfugiéEs, dont plus de 600 ont péri au large de Pylos. Les avocatEs des rescapéEs demandent des poursuites pénales contre les responsables des autorités censées organiser le sauvetage, mais qui ont recueilli très tardivement les victimes. Ajoutons la passivité des autorités face à l’organisation, fin juin, d’un véritable pogrom à l’initiative de fascistes, contre l’installation par l’administration de 500 réfugiéEs sur un stade en Crète…

Un espace de solidarité et de luttes internationales

Les exactions racistes en Grèce ont été au centre de nombreux débats, mais bien d’autres questions ont été abordées. En particulier, la course au réarmement, débat suivi par au moins 500 personnes, auquel participait entre autres Rima Hassan. Et bien sûr, la solidarité avec la Palestine, qui s’affichait un peu partout, reflet des nombreuses manifestations de soutien en Grèce. Sans oublier des ateliers comme la présentation de Fascisme et grand capital de Daniel Guérin, traduit par notre camarade Tassos Goudelis.

Un festival revigorant, alors que Mitsotakis, en alliant politique de droite extrême et clientélisme traditionnel à sa famille politique, s’enfonce dans un nouveau scandale — cette fois lié à des subventions européennes accordées pour des moutons fictifs…

A. Sartzekis, Athènes, le 6 juillet 2025