Les étudiants poursuivent leur lutte contre l’augmentation des frais d’inscription. Leur mobilisation auto-organisée secoue l’apathie des directions syndicales. Samedi 29 janvier, des milliers d’étudiants et d’enseignants, rejoints par d’autres syndicats, ont manifesté à Manchester et Londres contre les réductions budgétaires dans l’Éducation, les suppressions de postes et l’inacceptable augmentation des frais d’inscription qui doivent monter à 9 000 livres par an (10 500 euros). Ces manifestations étaient appelées par le Réseau militant de l’Éducation, la Campagne nationale contre l’augmentation des frais de scolarité, les syndicats UCU (enseignement supérieur) et PCS (fonctionnaires). Le mois dernier à Londres, des manifestations massives ont ébranlé le gouvernement libéral-conservateur. Celui-ci a cependant réussi à forcer un vote au Parlement sur l’augmentation des frais d’études mais au prix de quelques concessions. Ce mouvement a montré que le gouvernement était vulnérable. Les libéraux-démocrates, qui siègent au gouvernement alors qu’ils ont été élus sur la base d’une opposition à l’augmentation des frais de scolarité, voient leur cote de popularité dans les sondages tomber à 7 %, alors que le Parti travailliste dépasse maintenant les conservateurs. Les détails des restrictions dans l’Éducation et les conseils municipaux ainsi que ceux sur la privatisation du Service national de santé (NHS) sont divulgués au moment où le scandale des bonus des banquiers fait de nouveau la une des médias. Un projet de loi présenté au Parlement prévoit la privatisation de pratiquement tout le NHS dont un million d’emplois qui seront transférés du public vers le privé. La banque nationalisée RBS a réservé 1,3 milliard d’euros de bonus pour ses hauts dirigeants et Bob Diamond, directeur de la banque Barclay, a déclaré que le « temps des remords et des excuses » était terminé.Confrontés au Syndicat national des étudiants (NUS) qui patauge péniblement dans la mobilisation, les étudiants ont commencé à construire leur propre mouvement. Les assemblées d’étudiants ont impulsé la campagne malgré les tergiversations de la direction du NUS. Elles pourraient devenir le noyau d’un nouveau mouvement étudiant, indépendant, auto-organisé et responsable. La campagne va se focaliser sur le refus de la mise en œuvre des mesures gouvernementales en demandant aux universités de ne pas appliquer l’augmentation des frais d’inscription ni les réductions de personnel et de services. Le mouvement étudiant a forcé les dirigeants nationaux des syndicats à commencer à se mobiliser en défense des services publics et des emplois. Toute l’énergie de la gauche et des militants syndicaux est maintenant consacrée à la réussite de la manifestation appelée par la confédération syndicale (TUC) le 26 mars. Mais cette manifestation ne doit être qu’un lever de rideau d’une lutte longue et difficile pour défendre l’acquis le plus important du mouvement ouvrier depuis 1945, c’est-à-dire « l’État providence » avec en particulier le Service national de santé. Fred LeplatTraduction Jacques Radcliff