Publié le Mercredi 18 juin 2014 à 09h35.

Grèce : solidarité avec la lutte des nettoyeuses du ministère des Finances

Après le désaveu des urnes, le gouvernement Samaras aux ordres de la troïka continue sa fuite en avant : programme de licenciements de fonctionnaires, possibilité donnée au patronat de licencier pour délit de sales gueules etc. Mais son problème, c'est la poursuite des luttes...

Ainsi la longue résistance des habitants de Skouriès dans le nord du pays contre l'extension d'une mine d'or a-t-elle débouché sur la défaite du maire aux ordres ! Et les batailles menées, même si elles ont été perdues, alimentent la combativité : un an après la fermeture dictatoriale de la radio-télé publique, un gros rassemblement a eu lieu, au cours duquel un responsable syndical du secteur a été poignardé par un flic privé de la nouvelle chaîne "voix de son maître".

La lutte la plus exemplaire ces derniers temps est sûrement celle des nettoyeuses du ministère des Finances : elles ont été victimes il y a 9 mois de la fameuse ''mise en disponibilité'', antichambre du chômage, et se battent depuis, toutes ensemble, pour refuser ces licenciements. 410 licenciements ayant touché différents services publics, uniquement des femmes. Manifs et occupations réprimées, appels à solidarité (un réseau de mairies de gauche leur apporte à manger tous les jours), leur lutte vient de franchir un cap. D'une part les licenciements sont déclarés illégaux par le tribunal de première instance d'Athènes. D'autre part, depuis plus d'un mois, ces travailleuses campent dans le centre d'Athènes, devant le ministère. 

La réponse de Samaras montre sa faiblesse : mission donnée à l'Aréopage (sorte de cour suprême) de faire repousser la validité du jugement, afin qu'il ne soit pas exécuté, et sauvagerie des forces de l'ordre qui jeudi 12 juin ont envoyé à l'hôpital 3 ouvrières et une journaliste. Il en faudrait plus pour décourager ces travailleuses, qui continuent plus déterminées que jamais : ''Je le dis depuis longtemps, ils ont commis une grosse erreur avec nous : ils nous ont sous-estimées, en pensant que comme nous sommes des femmes pour beaucoup autour de 50 ans, on ne saurait quoi faire, quoi dire. En réalité, il y a une chose qu'ils n'ont pas comprise : les nettoyeuses ont de tout temps été combatives : balayer et, avec nos 600 euros mensuels, faire étudier nos enfants et payer tout ce qu'on a à payer, c'est tout simplement un combat vital. Jamais je n'ai eu honte de mon boulot, et je vais le retrouver, je suis sûre que nous allons le retrouver. C'est pour toutes ces raisons que nous n'avons pas peur de nous battre, parce que nous nous battons tous les jours de notre vie !'' (cité dans Epochi le 7 juin). 

Et on pourrait multiplier de telles paroles disant l'évidence de cette lutte : ''Depuis 9 mois nous avons eu bien des fois à nous affronter aux MAT (CRS). Ils nous ont couvert le corps et rempli la tête de blessures. On ne s'inquiète pas pour les blessures corporelles : elles se cicatriseront. Mais il faudra bien que quelqu'un vienne s'excuser pour tous ces coups qu'ils nous assènent au profond de nous. (…) Après l'attaque des MAT, nous avons pris la décision de rester sur place pour réclamer notre dû : notre travail. Ils ne nous auront pas à l'usure, on ne lâchera pas, on l'a promis à nos enfants !'' (cité dans Ephimerida ton Syntakton le 14 juin).

Inutile de commenter : la solidarité internationale s'impose, de toute urgence !

D'Athènes,

A. Sartzekis