Publié le Samedi 8 mars 2025 à 08h30.

Grève massive et manifestations historiques pour les victimes de Tèmbi

Ébranlé par l’énorme mobilisation populaire du 26 janvier, réclamant justice et vérité sur la tragédie ferroviaire de Tèmbi (voir l’Anticapitaliste n° 742 du 20 février), le gouvernement Mitsotakis a montré son usure, entre déclarations compatissantes et insultes contre les familles de victimes, qui depuis deux ans se battent pour faire avancer les enquêtes. 

Face à la perspective de la grève générale et des rassemblements du 28 février (date du drame en 2023), la droite a tenté de jouer la peur et l’accusation de manipulation, se croyant encore forte des 41 % obtenus en juin 2023 et pensant « classiquement » neutraliser la mobilisation. La rue lui a donné sa réponse : gigantesque !

Au moins 1 habitantE sur 10 en manif !

Difficile de chiffrer, mais l’accord est général : les rassemblements — dans plus de 120 villes et aussi à l’étranger — étaient plus massifs peut-être que ceux après la chute des colonels en 1974. Pour les villes de Crète, la police elle-même donne des chiffres initiaux autour de 50 000, on est sûrement près de 100 000 ! Partout, des foules de toutes générations, des cortèges lycéens ou étudiants et des regroupements syndicaux, car la grève générale était incroyablement massive, avec en particulier les commerces en grève. À Athènes, le raz-de-marée était à la hauteur de la colère : au moins 400 000 manifestantEs, peut-être un million ! Et comme principaux mots d’ordre : « Assassins ! Démission ! ». Et aussi : « Je n’ai pas d’oxygène », cette phrase retrouvée il y a peu sur le téléphone d’une victime. Un comité d’experts a confirmé cette semaine la présence dans le train de marchandises d’un produit non enregistré et sans rapport avec le fonctionnement ferroviaire, comme le prétendait le gouvernement, et qui a explosé puis pris feu, causant de nombreuses morts. 

Nos morts, leurs profits

Cette journée de mobilisation fait partie de celles où « le peuple a écrit l’histoire » (titre du journal Prin). Même des médias de droite ont changé de discours ces derniers temps et rendent compte du formidable travail du comité des familles de victimes. L’une des figures de ce comité, Maria Karystianou, s’insurgeait cette semaine : « Ils osent dire que ma fille a été sacrifiée. Des sacrifices de citoyens sur l’autel de quel dieu exactement ? Ils ne nous le disent pas. Sur l’autel de leur propre dieu, le dieu argent… »

Et maintenant ? Pas question de s’en tenir à la seule motion de censure que va déposer le Pasok. Mais obtenir la démission de cette ultra-droite semble difficile vu l’état des forces à gauche et leur division. Une piste sera de revendiquer la renationalisation du transport ferroviaire face à ce gouvernement soucieux de tout privatiser, et cela exige à l’évidence un cadre de front unique, que l’actuel impressionnant mouvement de masse pourrait bien imposer dans sa vaste logique de justice, dont certains panneaux rappelaient qu’elle est très large, exigeant ainsi vérité sur les causes du naufrage de Pylos (en juin 2023, au moins 600 migrantEs noyéEs). La mobilisation va continuer !

A. Sartzekis, Athènes, le 1er mars 2025