Publié le Jeudi 30 mars 2023 à 15h00.

Israël/Palestine : pourquoi les PalestinienEs ne se joignent pas aux grandes manifestations anti-Netanyahou en Israël

Alors que Benjamin Netanyahou, confronté à une mobilisation massive en Israël, vient d’annoncer qu’il « suspendait » sa réforme anti-démocratique de la justice, nous publions un article du journaliste James North qui revient sur le traitement différencié, par la police israélienne, des manifestations en Israël.

Le New York Times n’explique pas pourquoi les PalestinienEs ne se joignent pas aux grandes manifestations anti-Netanyahou en Israël. Les médias américains ont omis un aspect essentiel des manifestations anti-Netanyahou : les différences choquantes de traitement des manifestations juives et palestiniennes par la police et l’armée israéliennes.

Dans une vidéo d’une des manifestations massives qui secouent le gouvernement israélien d’extrême droite à Jérusalem, notez la mer de drapeaux israéliens à l’arrière-plan, caractéristique des semaines de protestation. Regardez ensuite ce qui se passe lorsqu’une âme courageuse déploie un drapeau palestinien, peut-être pour tester la « démocratie » israélienne. Ses agresseurs ressemblent à une combinaison d’agents de sécurité et de passants. C’est un nouveau signe de l’apartheid israélien.

Différences choquantes

Dans la grande presse américaine, M. Netanyahou bénéficie de loin de la couverture la plus négative qu’un gouvernement israélien ait jamais reçue au cours de ma (longue) vie. Mais jusqu’à présent, les médias américains passent (sans surprise) à côté d’un élément clé de l’histoire : les différences choquantes dans la manière dont la police et l’armée israéliennes traitent les ­manifestations juives et palestiniennes.

Un bref extrait du New York Times du jour (par Raja Abdulrahim) note que les citoyenEs palestiniens d’Israël « sont largement restés à l’écart » de la vague de protestation actuelle. Mais le bref mini-article affirme que le manque d’intérêt des PalestinienEs est dû au fait que « les manifestations ont ignoré des questions importantes pour eux, telles que la fin de l’occupation de la Cisjordanie ».

Répression monstrueuse contre les PalestinienEs

C’est sans doute vrai, mais c’est incomplet. Pour en savoir plus, il faut s’adresser à Odeh Bisharat, un Palestinien qui tient une chronique régulière dans le quotidien israélien Haaretz. Bisharat explique comment il s’est joint à une veillée en faveur de la démocratie (réunissant à la fois des JuifEs et des PalestinienEs) dans sa ville de Yafia. Il a analysé la manière dont les autorités israéliennes réagissent différemment selon les manifestantEs.

Ainsi, jeudi dernier, des manifestantEs majoritairement juifs ont organisé une journée nationale de paralysie, bloquant des routes et empêchant des ministres de s’exprimer lors de conférences. À la fin de cette journée houleuse, 108 manifestants avaient été arrêtés, dont 100 ont été relâchés le jour même et le reste le lendemain.

M. Bisharat a rappelé les manifestations nationales de mai 2021, menées principalement par des citoyenEs palestiniens d’Israël. Cette fois-là, 3 660 Arabes avaient été arrêtés et 350 avaint été inculpés. Les peines prononcées étaient monstrueuses : des mois, voire des années de prison. Même ceux qui avaient eu la chance de ne pas être inculpés sont restés en prison pendant des semaines, voire des mois, avant d’être libérés.

Peter Beinart a fait une remarque similaire dans un tweet. Anshel Pfeffer, un éminent journaliste juif israélien, s’est déclaré reconnaissant qu’il n’y ait pas eu d’effusion de sang lors des manifestations en faveur de la démocratie. M. Beinart a répondu : « Pensez-vous que le fait qu’il n’y ait pas eu de violence d’État contre les manifestants a quelque chose à voir avec le fait que ce sont des Juifs qui manifestent et non des Palestiniens ? »

Au moins, le New York Times a mentionné les PalestinienEs, même en passant.

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