La tempête Trump continue de frapper… mais pas tout le monde. Alors que l’ensemble de la planète se voit infliger des droits de douane, la Russie de Poutine et le Bélarus de Loukachenko sont épargnés. Selon la Maison Blanche, les sanctions auraient déjà rendu le commerce très faible entre les deux pays, point besoin d’en rajouter.
En effet, la Russie a exporté 3,5 milliards dollars de biens et services vers les USA en 2024, soit 13 fois moins que les 237 millions de dollars exportés aux États-Unis par le Lesotho, à qui l’administration Trump a imposé des barrières douanières à hauteur de 50 %.
La politique de vassalisation aux intérêts des États-Unis continue de réserver un traitement particulier à Poutine. Pourquoi ? Quel est l’objet du « deal » entre les deux impérialismes ? Il est encore hasardeux d’y répondre avec certitude. Ce qui est certain, c’est que Poutine a redoublé d’efforts pour tuer des civilEs ukrainienNEs ces derniers jours. Ces frappes ont fait de nombreux morts dont beaucoup d’enfants, en amenant Zelensky à dénoncer publiquement la « faible réaction US » qui s’en est suivie.
Enfer néocolonial
Une autre certitude est que cette clémence impériale n’est pas accordée aux UkrainienNes. Le refus ukrainien de souscrire à l’accord sur les minerais n’est guère étonnant tant sa signature les conduirait à un asservissement total aux USA. Les extraits qui ont fuité dans la presse sont éloquents : les investissements liés à l’exploitation des ressources naturelles (dont les mines, le gaz et le pétrole), aux usines de transformation ainsi qu’à la gestion des infrastructures routières, ferrées et portuaires, seraient du ressort exclusif des États-Unis. Les bénéfices seraient envoyés sur un fonds d’investissement partagé à 50/50 entre l’Ukraine et les États-Unis. Ces derniers disposeraient cependant d’une majorité au sein du conseil d’administration. Cet enfer néocolonial, dans un pays déjà ruiné, se maintiendrait jusqu’à remboursement complet de la « dette » contractée par l’Ukraine pour l’aide militaire étatsunienne. Le montant exact de cette dette n’a pas été communiqué aux UkrainienNEs, malgré une somme astronomique de 500 milliards évoquée précédemment par Trump, qui n’a pas précisé la méthode de calcul.
L’offensive russe continue de ralentir
Malgré ce jeu de dupes entre les deux néofascistes russe et étatsunien, la population d’Ukraine continue de résister. Le rythme de l’avancée russe, déjà faible, continue de ralentir pour le quatrième mois consécutif. La terreur balistique déployée contre les civilEs — une technique de contre-feux obscène chère à Poutine — sert à cacher la réalité d’une offensive sanglante, en premier lieu pour les soldats russes issus des périphéries de la fédération de Russie qu’on continue d’envoyer à la boucherie.
La situation ukrainienne reste précaire. Malgré les grandes annonces guerrières de Macron et Starmer, la coalition européenne peine à pallier concrètement le retrait progressif des États-Unis. Et sur certains aspects, comme le renseignement militaire, elle en est de toute manière incapable. Les vieux impérialismes d’Europe occidentale pensent avant tout à se préserver, en laissant en bout de course les peuples bien seuls face aux agressions des régimes néofascistes.
Soutien internationaliste et antifasciste
De la Palestine à l’Ukraine, la mobilisation de la gauche européenne doit alors être constante, unitaire, antifasciste. Ce soutien internationaliste est indissociablement lié à notre lutte antifasciste en France. À la suite de la condamnation de Marine Le Pen, la pluie de soutiens néofascistes, inaugurée par le maître du Kremlin, ne laisse pas de place au doute. L’extrême droite est organisée internationalement, et n’hésite pas à faire acte de « solidarité » avec les siens. Il nous faut résister en tout instant à la propagande russe particulièrement perméable dans certains secteurs de la « gauche », et identifier clairement les convergences idéologiques ainsi que les liens effectifs entre les extrêmes droites du monde entier. Face aux attaques contre l’État de droit, face au racisme, à la xénophobie, au masculinisme, à la haine de l’écologie et des idées progressistes, l’heure est à la résistance internationale antifasciste.
Elias et Gin Vola