De Lausanne à Barcelone, partout en Europe les effets de la crise se font sentir. Le mouvement contre la réforme des retraites en France a eu un retentissement européen important. Après la Grèce, la France est le deuxième pays à connaître un mouvement social contre la rigueur d’une telle ampleur, ouvrant une nouvelle phase de résistance, un renouveau de conscience collective au sein des jeunes et des travailleurs.
À Lausanne, nous avons animé une conférence à l’université avec nos camarades jeunes de « solidaritéS ». Au pays des banques, l’écho du mouvement français a été porteur d’espoir. Le futur allongement des horaires de travail dans le commerce proposé par la droite helvétique correspond à la même continuité d’attaques contre le partage du temps de travail que la réforme des retraites. Alors que la Suisse, véritable laboratoire des contre-réformes libérales, est prise depuis plusieurs années dans un tournant qui va de la xénophobie au racisme d’État, les militants anticapitalistes tentent de reconstruire, au sein des syndicats et des mouvements associatifs, une conscience de classe et un mouvement antiraciste large. À ce titre, l’échange franco-suisse fut très riche, au regard des attaques quasi identiques que nos pays connaissent (expulsions, remise en cause du droit d’asile, Roms, islamophobie, etc.). Le samedi suivant notre conférence, 500 personnes (sur 150 000 habitants) se sont rassemblées contre une nouvelle initiative de l’UDC (extrême droite) visant à augmenter le nombre d’expulsions.
À Barcelone, les camarades de En Lluita nous avaient invités pour une réunion publique intitulée « La France nous montre le chemin ». Au lendemain de la grève générale du 29 septembre appelée par les syndicats de l’État espagnol ayant mobilisé plus de 10 millions de salariés, les mêmes questions se posaient : comment, face à des directions syndicales qui tirent en arrière (les deux grandes centrales de l’État espagnol, CCOO et UGT, imposent une stratégie de temps forts), arriver à organiser les salariés par eux-mêmes et légitimer une direction alternative ? Les camarades catalans mènent aujourd’hui une expérience forte au sein de « l’Assemblée générale des travailleurs » qui a pu mobiliser 5 000 salariés à Barcelone pour demander la reconduction de la grève générale. Un nouveau rassemblement était prévu le 13. Cette expérience d’auto-organisation et l’expérience de combativité française ont donné des exemples supplémentaires pour nos luttes.
Ces différents meetings ont permis des échanges concrets à l’échelle internationale, ont enthousiasmé les camarades et ont amené de nouvelles personnes à s’intéresser à nos idées. Ces échanges nous prouvent qu’ensemble, face aux même attaques, une riposte coordonnée est possible et nécessaire. Ce qui a été marquant également, c’est l’espoir que le mouvement français porte. En effet, nos luttes démontrent que la classe ouvrière n’est pas morte. Le NPA lui aussi est porteur d’espoir, la division qui anime l’extrême gauche en Suisse ou dans l’État espagnol est, de l’aveu de tous, un facteur de faiblesse. Se rassembler, à l’échelle nationale et internationale, aux côtés de milliers de travailleurs et de jeunes dans l’attente d’une perspective politique, paraît aujourd’hui indispensable pour faire la synthèse des expériences nouvelles que nous vivons depuis quinze ans et remettre efficacement en cause le système capitaliste. Kevin Vay (Npa Marseille), Maïla Kocher (SolidaritéS, Lausanne) et Albert Garcia (En Lluita)