Publié le Jeudi 1 septembre 2022 à 12h00.

Les élections de novembre aux USA ne sont pas jouées

Donald Trump domine toujours le Parti républicain, mais lui et son parti sont vulnérables.

Il y a deux semaines, lors des primaires du Parti républicain dans le Wyoming, la candidate de Trump, Harriet Hageman, a battu Liz Cheney, la critique la plus virulente et la plus importante de Trump au sein du Parti républicain, en gagnant par 40 points d’écart. Trump a soutenu 200 candidatEs – dont 159 nient que Biden a gagné l’élection. Une majorité de candidats de Trump ont gagné, certains ont perdu. Plusieurs de ses candidatEs victorieux sont des déséquilibrés comme le Dr Mehmet Oz en Pennsylvanie, ou des nationalistes blancs comme J.D. Vance dans l’Ohio, partisan de la « théorie du remplacement ». En raison de leurs opinions d’extrême droite, il pourrait leur être difficile de gagner aux élections générales. Convaincus de cela, les Démocrates ont contribué à financer certains d’entre eux – une manœuvre qui a pour but d’éliminer des républicains plus modérés et jugés plus susceptibles de battre les ­candidatEs démocrates.

Une foule de problèmes juridiques pour Trump

Trump continue de dominer le parti, mais les problèmes juridiques de l’ancien président pourraient poser des problèmes. Le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, avec l’approbation d’un juge fédéral, a obtenu un mandat de perquisition et a envoyé le 8 août des agents du FBI perquisitionner la maison de Trump à Mar-a-Lago pour récupérer de nombreuses boîtes de documents, dont certains papiers secrets traitant de questions nucléaires, que Trump avait illégalement emportés avec lui lorsqu’il a quitté la Maison Blanche. Le mandat stipulait que la perquisition était fondée sur de possibles crimes : la dissimulation, la mutilation ou la suppression de documents ; l’obstruction de la justice, notamment la destruction, l’altération ou la falsification de documents dans le cadre d’enquêtes fédérales ; et d’éventuelles violations de la loi sur l’espionnage. Trump pourrait être inculpé pour ces délits.

Merrick Garland, qui enquête également sur l’insurrection du 6 janvier 2021 et la tentative de coup d’État, pourrait également porter des accusations contre Trump pour son rôle dans ces événements. L’enquête de la Chambre des représentants des États-Unis sur le 6 janvier a fait valoir que Trump était responsable d’un complot visant à organiser l’insurrection et à renverser les résultats de l’élection de 2020, ce qui fait pression sur Garland pour qu’il soit inculpé. Trump pourrait être inculpé en Géorgie également pour ingérence criminelle dans l’élection présidentielle de 2020, lors de laquelle il a demandé au secrétaire d’État de Géorgie Brad Raffensperger, le plus haut responsable des élections dans l’État, de « trouver 11 780 votes ». Biden a battu Trump en Géorgie par 11 779 voix. À New York, la procureure générale de l’État, Letitia James, enquête au civil sur l’accusation selon laquelle Donald Trump aurait fait de fausses déclarations sur les finances de ses entreprises, tandis que le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, dans une enquête criminelle parallèle, a déjà lancé deux inculpations – la Trump Organization et son directeur financier Allen Weisselberg ont été inculpés en juillet 2020.

Du côté des Démocrates

Fidèle à lui-même, Trump affirme qu’il est innocent de tout acte répréhensible et qu’il est persécuté par les Démocrates et « l’État profond ». La plupart des partisans de Trump – environ 40 % de l’électorat – lui restent fidèles et se sont ralliés à lui, ce qui en fait le candidat républicain probable à la présidence en 2024, s’il n’est pas en prison.

Certains Républicains se sont cependant éloignés. Un sénateur républicain de l’État du Colorado, Kevin Priola, a récemment quitté le Parti républicain et est devenu démocrate parce que, selon lui, les attaques des Républicains contre la démocratie constituent une « menace existentielle ». Des groupes de pression tels que le Republican Accountability Project dépensent des millions pour tenter d’atteindre la base de Trump et de la faire changer d’avis, mais sans grand succès jusqu’à présent.

Joe Biden, qui qualifie la politique de Trump de « semi-fascisme », a vu sa popularité remonter quelque peu et les chances des Démocrates aux élections de mi-mandat s’améliorent. Les Démocrates ont récemment réussi à faire adopter la loi dite de « réduction de l’inflation » qui prévoit un budget de 369 milliards de dollars, la législation environnementale la plus importante depuis des années. A également été adoptée une loi qui prévoit un financement de 52,7 milliards de dollars pour promouvoir le soutien à la fabrication de semi-conducteurs aux États-Unis. Le Congrès soutient les dépenses militaires pour l’Ukraine tandis que le Sénat a approuvé la proposition d’admettre la Suède et la Finlande au sein de l’Otan. Enfin, Biden a utilisé ses pouvoirs présidentiels pour annuler des millions de dollars de dettes d’étudiantEs. Tout cela renforce Biden, de même que l’opposition à l’annulation du droit à l’avortement par la Cour suprême républicaine, et pourrait pousser les Démocrates (dont les primaires voient en général la victoire des postulants modérés sur la gauche du parti) à se rendre aux urnes en nombre suffisant pour conserver le Sénat et peut-être – bien que cela soit peu probable – conserver la Chambre des représentants.

Traduction Henri Wilno