Mahmoud Abbas (Abu Mazen) a annoncé qu’il ne se représenterait pas pour briguer la présidence de l’Autorité palestinienne (AP).
Mahmoud Abbas (Abu Mazen) ne se représentera pas à la présidence de l’Autorité palestinienne (AP). Décision irrévocable ou coup de poker pour signifier à l’administration US, suite à la visite d’Hillary Clinton au Proche-Orient, que ses propositions de «paix» sont inacceptables? Cette annonce est révélatrice de la crise historique du mouvement national palestinien et de la faillite du «processus de paix» et des illusions qu’il génère depuis plus de quinze ans.
L’AP, créée par les Accords d’Oslo (1993-94), a longtemps été présentée comme le gouvernement de l’État palestinien en cours de formation. Quinze ans après sa naissance, l’AP n’est rien de plus qu’un organe intégré aux structures de l’occupation, chargé de maintenir l’ordre dans les villes palestiniennes et de favoriser l’intégration régionale d’Israël par la normalisation des relations économiques israélo-palestiniennes, tandis que sur le terrain la ségrégation et la colonisation se poursuivent.
C’est ainsi que, lors des bombardements de Gaza, la police de l’AP a violemment réprimé des manifestations de protestation organisées en Cisjordanie, pour les empêcher de se diriger vers des objectifs militaires israéliens. Mahmoud Abbas a également demandé le report de l’examen du rapport Goldstone (qui accuse Israël d’avoir commis des crimes de guerre à Gaza) par les Nations unies, répondant aux exigences états-uniennes tout en s’aliénant encore un peu plus la population palestinienne.
Mahmoud Abbas est largement tributaire du bilan désastreux de la stratégie d’Oslo, qui a en outre conduit à la désintégration du mouvement national palestinien. Le récent Congrès du Fatah (août) a révélé cet état de décomposition avancée: la direction qui y a été élue n’est qu’un conglomérat de chefs de réseaux de clientèle et de corruption qui ont depuis longtemps, à de rares exceptions près, renoncé à la lutte nationale au profit de la lutte d’influence pour occuper des postes dans l’appareil de l’AP.
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) n’est plus qu’une chambre d’enregistrement de la politique du Fatah et de l’AP, coupée de la population palestinienne et de ses initiatives militantes. Alors qu’Israël poursuit sa politique d’expulsion et d’enfermement et que le mouvement de solidarité relève la tête avec la campagne Boycott désinvestissement sanctions (BDS), les représentants «officiels» des Palestiniens restent obnubilés par la survie d’un processus négocié et d’une AP conçus pour liquider la question palestinienne.
Gageons que les déclarations d’Abu Mazen, quand bien même il reviendrait sur sa décision, dissiperont définitivement les illusions du «processus de paix»: sans un bouleversement majeur du rapport de forces, aucune négociation ne pourra déboucher sur une satisfaction réelle des droits nationaux du peuple palestinien. Face à l’impunité dont bénéficie Israël, le développement de la campagne BDS est l’un des éléments clés de la construction de ce nouveau rapport de forces.
Commission Moyen-Orient Palestine