Les bonnes nouvelles venues de Palestine sont rares. Nous ne pouvons donc que nous réjouir de la libération, le 30 septembre, de notre camarade Salah Hamouri, après une nouvelle période de détention de plus de 400 jours dans les prisons israéliennes. Mais pour Salah et sa famille, de même que pour touTes les prisonnierEs palestiniens, la lutte continue.
Salah Hamouri était détenu, depuis le 23 août 2017, sous le régime de la « détention administrative ». Cette procédure permet à l’armée de maintenir quiconque en prison, pour des périodes pouvant aller jusqu’à six mois, renouvelables à l’infini, sans chef d’inculpation et sans qu’aucune preuve ne soit produite. C’est au terme d’une ultime période de 3 mois que Salah a été libéré et rendu à ses proches le 30 septembre.
Une situation précaire
Rendu à ses proches, ou presque. Car pour Salah et les siens, le combat est loin d’être terminé. Son épouse Elsa et leur (très) jeune fils sont en effet, jusqu’à ce jour, interdits d’entrée en Israël, ce qui les empêche de se réunir et de vivre leur vie comme ils le souhaiteraient, ensemble à Jérusalem. Et comme pour lui signifier que sa liberté n’était que très conditionnelle, les autorités israéliennes ont fait interroger Salah, par les services de renseignements, dès sa sortie de prison, et lui ont interdit de célébrer d’une quelconque façon que ce soit sa libération, au risque d’être de nouveau détenu.
La mobilisation qui s’était développée pour la libération de Salah ne doit donc pas s’essouffler, puisqu’une bonne partie du chemin reste à parcourir. Salah est dans une situation très précaire, et le but des autorités coloniales reste le même : le contraindre à quitter la Palestine et, de facto, à cesser toute activité, là-bas, contre l’occupation. Et ce n’est pas la couardise, pour ne pas dire la complicité, de la diplomatie française, qui nous rassure quant à la précarité de la situation de Salah.
La lutte n’est pas finie
À l’instar de centaines de milliers d’autres PalestinienEs, Salah Hamouri est victime de l’acharnement d’une puissance coloniale prête à tout pour rendre la vie impossible aux récalcitrants, par des pressions politiques, administratives, voire des périodes d’incarcération destinées, selon les termes de Salah lors de sa libération, à « nous déchirer, nous faire perdre notre identité, nous faire perdre notre humanité ». Et d’ajouter : « Ils utilisent tous les moyens possibles pour essayer de nous faire craquer. »1
Il ne s’agit évidemment pas de bouder notre plaisir : la libération de Salah est une victoire, pour lui et ses proches, mais aussi pour le mouvement de solidarité internationale qui s’est développé au cours de l’année écoulée. Un point d’appui pour la suite, avec des objectifs clairs : une véritable liberté de mouvement pour Salah Hamouri, sa compagne et leur enfant, ainsi que la fin des persécutions par la police et l’armée israéliennes. Et au-delà, la situation de Salah nous rappelle celle des milliers de prisonniers politiques palestiniens (plus de 7 000 à ce jour, dont plusieurs centaines sous le régime de la détention administrative), détenus arbitrairement et au mépris de toutes les conventions internationales. Ils et elles doivent être immédiatement libérés !
Julien Salingue
- 1. Interview à l'Humanité.