Les États-Unis se sont joints à Israël dans sa guerre contre l’Iran, augmentant ainsi les risques d’une guerre régionale plus large, qui pourrait devenir un bourbier sans fin, comme ce fut le cas avec la guerre en Irak.
Le président Donald Trump a envoyé des bombardiers B-2 pour larguer des bombes antibunker sur les installations nucléaires de Fordo et Natanz, tandis qu’un sous-marin lançait des missiles Tomahawk sur une autre installation à Ispahan. Les démocrates ont condamné Trump pour avoir violé la Constitution, qui stipule que seul le Congrès peut déclarer la guerre, et Alexandria Ocasio-Cortez a suggéré qu’il devrait être destitué pour cela, bien qu’on ne sache pas exactement combien de démocrates s’opposent réellement aux bombardements ou à la participation à la guerre.
Alors que les États-Unis sont actuellement en guerre avec l’Iran, ils sont depuis longtemps profondément impliqués dans la guerre menée par Israël contre l’Iran. Trump a été un allié indéfectible de Benyamin Netanyahou dans ses récentes guerres contre la Palestine et les attaques d’Israël contre le Liban, le Yémen et la Syrie. Trump a approuvé l’attaque d’Israël contre la République islamique et lui a peut-être donné son feu vert avant qu’elle n’ait lieu. Les États-Unis fournissent à Israël environ 3,5 milliards de dollars d’aide militaire chaque année, soit des centaines de milliards depuis la création du pays, une somme utilisée pour acheter des avions, des bombes, des missiles, des chars et des armes à feu fabriqués aux États-Unis.
Comment vont réagir ses partisans ?
Trump a fait campagne pour la présidence et a créé son mouvement Make America Great Again (MAGA), promettant de mettre fin à l’implication des États-Unis dans les guerres étrangères. Il a suggéré qu’il utiliserait la menace de la puissance militaire américaine pour maintenir l’ordre dans le monde. Il s’est présenté comme un artisan de la paix, affirmant qu’il pourrait mettre fin rapidement aux guerres entre la Russie et l’Ukraine et entre Israël et Gaza. Il a appelé l’Iran à négocier avec Israël pour parvenir à un règlement pacifique. Ses conseillers MAGA, tels Steve Bannon et Tucker Carlson, se sont farouchement opposés à l’entrée en guerre des États-Unis, tout comme la base du mouvement. Maintenant Trump a évoqué le changement de régime, un sujet qui a été tabou parmi ses partisans MAGA. Comment vont réagir ses partisans ?
Trump a averti l’Iran que s’il ripostait en attaquant les troupes américaines au Moyen-Orient, il s’exposerait à des frappes encore plus dévastatrices. Les États-Unis disposent de 40 000 soldats répartis dans 19 bases dans la région, dont la plupart se trouvent dans 8 bases permanentes situées à Bahreïn, en Égypte, en Irak, en Jordanie, au Koweït, au Qatar, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. La base de Bahreïn, par exemple, qui abrite la cinquième flotte de la marine américaine, compte 9 000 militaires et civils. L’Iran et ses alliés ont la capacité de cibler ces installations, de les endommager et de tuer des combattants américains. Si cela devait se produire, la base MAGA de Trump pourrait se rebeller contre lui.
Le régime iranien fragilisé par les luttes sociales et la guerre
On ne sait pas encore ce qui va se passer en Iran. Tout comme lorsque les États-Unis ont lancé leur guerre contre l’Irak en 2003 — l’une des « guerres éternelles » qui a duré jusqu’en 2011 —, la guerre en Iran pourrait devenir un bourbier inextricable. La guerre menée par les États-Unis contre l’Irak a conduit à une guerre civile qui aurait fait entre 100 000 et un million de morts. L’Iran est un État théocratique dirigé par l’ayatollah Ali Khamenei, chef des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du gouvernement et de la religion d’État. Son régime islamique a tué des milliers de personnes et emprisonné des dizaines de milliers d’autres qui ont participé à plusieurs manifestations antigouvernementales depuis 1999. Aujourd’hui affaibli par la guerre, le régime pourrait s’effondrer, ce qui pourrait conduire à une guerre civile entre la puissante Garde révolutionnaire islamique et le peuple iranien qui aspire au changement.
Aux États-Unis, des manifestations contre la guerre ont déjà eu lieu dans plusieurs villes, de San Jose en Californie à Milwaukee dans le Wisconsin, en passant par New York. À la suite du bombardement américain du 21 juin, des groupes tels que 50501, organisateur de manifestations anti-Trump, ont appelé à des manifestations nationales le dimanche 22 juin, mais l’appel a été lancé trop tardivement et les températures avoisinant les 38° C ainsi que les orages ont empêché les manifestations d’avoir lieu. Mais les manifestations contre la guerre ne manqueront pas d’avoir lieu. Nous, à gauche, y participerons.
Dan La Botz