Il y a tout juste 40 ans, le 20 novembre 1975, est mort le dictateur espagnol, le « caudillo » Francisco Franco. Jusqu’au dernier moment, le franquisme manifesta sa barbarie : le 2 mars 1974, dans la prison de Modelo à Madrid, un jeune militant anarchiste catalan de 26 ans était exécuté par strangulation au moyen d’un garrot. La dictature avait duré près de 40 ans. Le soulèvement militaire du 17 juillet 1936 visait à endiguer la dynamique révolutionnaire qui parcourait l’Espagne républicaine. Les putschistes mirent en place dans les zones qu’ils contrôlaient une répression de masse pour mettre au pas les classes populaires et annihiler toute opposition ou comportement jugé déviant. Au total, il y aurait eu environ 200 000 assassinats loin du front.
Derrière l’armée se trouvaient la grande bourgeoisie et l’aristocratie foncière. Dès le début du soulèvement, les banquiers se sont mis à son service : l’homme sans doute le plus riche d’Espagne, le banquier Joan March, a fourni les fonds nécessaires à l’établissement d’un véritable pont aérien pour transporter les troupes franquistes. Franco a octroyé aux entreprises qui le subventionnaient des contingents de prisonniers politiques condamnés à « la rédemption par le travail ». Et évidemment, les élections postfranquistes ne changeront aucun conseil d’administration : les descendants des grandes familles qui ont traité avec Franco (March, Huarte, Banus...) sont aujourd’hui encore présents à des postes essentiels du capitalisme espagnol...
Après la victoire franquiste, la répression n’avait jamais cessé : 150 000 exécutés ou « disparus », des milliers de bébés volés à leur mère par les institutions de l’Église. Tous ces crimes restent impunis, les tribunaux espagnols étant bloqués par le principe de prescription et la loi d’amnistie de 1977. Et aujourd’hui encore, les familles sont entravées dans leurs recherches. Une manifestation a eu lieu dimanche dernier à Madrid pour qu’enfin lumière soit faite.