Publié le Mercredi 4 octobre 2017 à 18h28.

“Un nouveau projet pour les classes populaires ne sera possible qu’en avançant des processus constituants”

Communiqué d'Anticapitalistas, section de l’Etat espagnol de la IVe Internationale après le référendum du premier octobre.  1) Le référendum qui a eu lieu le premier octobre en Catalogne a mis sur la table un certain nombre de questions clés. La répression sauvage du gouvernement PP et de l'appareil d'Etat montre l'échec d'un projet autoritaire incapable de répondre de manière civilisée aux exigences démocratiques du peuple. La mauvaise image donnée par le gouvernement Rajoy, relayée par les médias internationaux, nous ramène aux heures sombres de la fin du franquisme. Tout démocrate décent éprouvera de la honte et de la révolte face aux images de la police frappant des gens qui cherchent à exercer leur droit de vote et qui saisit des urnes. Nous condamnons les actions du gouvernement et de l'appareil d'Etat, et exprimons notre affection aux centaines de blessés, parmi lesquels des militants d'Anticapitalistas. 2) Le peuple catalan a montré, tant hier que ces dernières semaines, une volonté collective et une capacité d'auto-organisation immense qui leur ont permis d'articuler un mouvement de masse de désobéissance civile pacifique. Les occupations communautaires d'écoles, la retenue devant les provocations policières, les comités de base pour la défense du référendum, une vaste mobilisation qui a englobé des secteurs des classes laborieuses et populaires, débordant les cadres de la politique officielle. Le fait que le référendum ait pu se tenir avec succès démontre qu'il ne s'agit pas de simples manœuvres d'une élite politique : c'est un large mouvement, par lequel des gens ordinaires ont exprimé leur volonté de décider de leur relation avec l'État.Le mouvement souverainiste en Catalogne a mis sur la table deux faits de plus en plus indéniables. D'une part, l'incapacité de réformer dans un sens fédéraliste (c'est à dire qui accepte le libre arbitre et la souveraineté des différentes parties) la Constitution et le régime de 78. D'autre part, que le seul instrument des couches populaires pour déborder ses limites institutionnelles est la désobéissance de masse. 3) Le régime tripartite PP-Ciudadanos-PSOE a toujours refusé de proposer une solution démocratique et pacifique aux revendications du peuple de Catalogne. Leur stratégie a été un échec retentissant. Le référendum a eu lieu avec succès dans un contexte où le gouvernement autoritaire du PP a rompu les ponts du dialogue, ce qui fait que de plus en plus de gens en Catalogne comprennent qu'il y a quelque chose qui cloche dans cet Etat. Le PSOE, avec son soutien subalterne à Mariano Rajoy, a été incapable de proposer une autre orientation. Le soi-disant renouvellement proposé par Pedro Sánchez est simplement un changement de visages qui ne se traduit pas par une proposition politique alternative au PP. 4) Mardi 3 Octobre, les syndicats ont appelé à une grève générale en Catalogne contre la répression étatique et pour la défense du droit de décider du peuple catalan. La participation active de ceux d'en bas est essentielle pour que le processus constitutionnel catalan remette en question un modèle économique qui ne profite qu'à une minorité. C'est dans cette lutte contre ceux d'en haut que nous, les classes laborieuses et populaires, nous nous retrouverons. 5) Les élites espagnoles ont échoué à résoudre la « question catalane ». Ils n’ont fait qu'empirer les choses, engendrer des haines, saper la démocratie et utiliser la force brutale contre des gens ordinaires. Parmi les élites, le poids du PP et du gouvernement de Mariano Rajoy ont été décisifs, en décidant de bloquer toute solution démocratique et négociée de la question catalane. Cette position du bloc réactionnaire peut lui servir dans le reste de l'État pour consolider le recul des droits sociaux, du travail et de l'environnement dont nous faisons l'expérience depuis le début de la crise. Que personne ne soit dupe : le renforcement de Mariano Rajoy sur la question catalane, c'est l'affaiblissement de nos droits dans le reste du pays. Voilà l'enjeu pour nous à l'extérieur de la Catalogne. Un autre pays ne peut pas être construit avec le PP au gouvernement, et il faut travailler dès maintenant pour qu'il quitte la Moncloa. Face à ce dilemme la réaction de Sánchez a été une défense tiède du gouvernement Rajoy, ce qui montre les limites réelles de Sánchez pour construire un bloc constituant qui travaille à une alternative faite pour la majorité sociale, et déçoit ceux qui voyaient en lui un option pour renouveler le PSOE et se confronter au PP. Dans cette situation, il semble de plus en plus évident qu'un nouveau projet pour les classes populaires ne sera possible qu'en avançant des processus constituants qui dépassent le régime de 78. À l'heure actuelle, il est donc urgent d'impulser un mouvement démocratique qui défende la légitimité des décisions démocratiques du peuple catalan et qui, en même temps, se confronte à l'offensive réactionnaire du PP. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons construire une majorité sociale capable de faire ce que le régime n'a pas réussi à faire : dialoguer entre égaux, sans répression ni verrous, pour lutter pour construire une coexistence libre démocratique et solidaire où celles et ceux d'en bas seront les acteurs et actrices, et où la volonté des différentes parties soit la forme de relation. Anticapitalistas, le 3 Octobre, 2017