Publié le Lundi 6 avril 2009 à 22h09.

Le G20 et Sarkozy : tout changer pour ne rien changer.....

Réunis à Londres, à l’abri de manifestants violemment réprimés par la police, les dirigeants du G20 se sont accordés pour affirmer une volonté commune… de continuer. 

On allait voir ce qu’on allait voir. Sarkozy s’affirmait même prêt à claquer la porte du sommet du G20 si ses exigences de « refondation du capitalisme », qu’il affirmait partagées par la chancelière allemande Angela Merkel, étaient ignorées par les Etats-unis et la Grande-Bretagne…

La comédie aura pris fin sans autre gloire que celle d’un décorum convenu, dans un communiqué commun sans consistance et une auto-satisfaction affichée par tous ces soi-disant maîtres du monde. Sarkozy s’est dit « heureux » d’un G20 qui « va au-delà de ce que nous pouvions imaginer ». Strauss-Kahn a été encore plus enthousiaste, déclarant : « Les pays du G20 ont décidé de réformer en profondeur l'organisation financière internationale, ce qui n'avait jamais été fait à ce point depuis les accords de Bretton Woods en 1945. »

Les paradis fiscaux ? Sarkozy aurait obtenu de haute lutte … la publication d’une liste noire, déjà connue de tous, chose à laquelle Obama en personne l’aurait aidé.  La règlementation du système financier ? Des vœux pieux concernant les rémunérations des traders ou les hedge funds qui seraient réglementés et soumis à plus de transparence comme l’intention en a été maintes fois affirmée par le passé. De l’esbroufe, à l’échelle internationale cette fois, mais à peu près du même tonneau que le décret pris par le gouvernement français pour limiter les bonus des patrons des entreprises renflouées par l’Etat.

Cela dit, les dirigeants du G20 se sont bel et bien entendus, au-delà de leurs intérêts particuliers et divergents, pour laisser croire qu’ils auraient la situation en main et agiraient ensemble pour lutter contre la crise. Mais leur volonté commune se borne à tenter d’éviter un effondrement du système en appliquant les mêmes recettes que celles qui ont conduit à la crise. Sarkozy se vante d’avoir contraint la Chine, mais c’est lui-même qui a fait allégeance à celle-ci en affirmant que le Tibet en était partie intégrante. Car la Chine, c’est 2000 milliards de dollars de réserves et le principal acheteur des titres de la dette américaine.

Le Fonds monétaire international sera doté d’un fonds de 1100 milliards de dollars afin de prévenir la faillite -prévisible et déjà effective pour certains- des Etats des pays émergents contre de nouveaux sacrifices imposés à leurs populations.

Au même moment, l’OCDE prévoyait une baisse de la production de 4 à 7% dans les pays du G20. Aux Etats-Unis, le secrétaire du Trésor annonçait un nouveau plan prévoyant le rachat par l’Etat des actifs toxiques des banques pour quelques centaines de milliards de dollars supplémentaires et Obama sommait les dirigeants de General Motors dont il vient de congédier le PDG, d’accélérer la restructuration du trust –et donc les licenciements- pour prétendre à de nouvelles aides de l’Etat.

Le G20, un « tournant », comme l’a prétendu Obama ? Non, une démonstration de plus que les Etats des grandes puissances n’ont pas d’autre objectif que de sauver les profits et faire payer la crise aux populations.