Incapable de répondre à la crise sociale, le gouvernement intimide et réprime. Si tous les secteurs en lutte sont visés, les acteurs du mouvement social et les opposants politiques sont particulièrement concernés.
La liste des atteintes aux droits et libertés, des menaces et des intimidations, même non exhaustive, est inquiétante. D'abord, à Pointe-à-Pitre, le 15 mars. Le porte-parole du LKP, Elie Domota, est inculpé pour racisme. Il fallait oser ! Ses propos? « Soit ils appliqueront l'accord, soit ils quitteront la Guadeloupe. […] Nous ne laisserons pas une bande de békés [descendants blancs de propriétaires d'esclaves] rétablir l'esclavage. » Une pétition de soutien a été lancée par l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG).
Ensuite, à Bastia, le 30 mars. Dénonçant le lynchage judiciaire d'Yvan Colonna, une manifestation est violemment réprimée, des grenades lacrymogènes et offensives étant tirées à bout portant. Un jeune homme de 14 ans est atteint en pleine tête, sa vie est mise en danger. Une nouvelle manifestation de protestation contre les brutalités policières, samedi 4 avril, sera elle aussi durement réprimée. Enfin, à Strasbourg, les 4 et 5 avril. La manifestation démocratique anti-Otan du samedi est pratiquement rendue impossible par le quadrillage policier et militaire, par le déluge de gaz lacrymogènes, de grenades offensives, et les tirs de flash-balls. On a compté de nombreux blessés, y compris dans le cortège pacifique du NPA.
Parallèlement, les séquestrations de patrons qui licencient - Sony, Caterpillar, 3M, Scapa, Faurecia - se multiplient, rencontrant un fort courant de sympathie dans l’opinion publique. Après avoir manifesté sa « compréhension » envers les salariés impliqués, Ségolène Royal s'est vue accusée par le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, d'« excuser l’inexcusable ». Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, n'a pas hésité à inviter « tous les partis à condamner les actes de violence, à Strasbourg, en Corse, ou en marge de la crise économique et sociale ».
Dimanche 5 avril, invité de l’émission Répliques, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) s'est fait traiter de « pauvre type » par un Pierre Lellouche déchaîné. Cet ancien membre du mouvement fasciste Occident, aujourd’hui député UMP, se lâchera, regrettant que la pratique du duel n’existe plus, ce qui l’empêchait de « flinguer » Jean-Luc Mélenchon. Ces menaces de mort sont totalement inadmissibles!
Concernant le NPA, la droite n'est pas en reste et tente de le criminaliser. Ainsi, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, déclare, à propos du contre-sommet de Strasbourg: « Je constate qu’Olivier Besancenot est très présent dans ces manifestations et que je ne l’ai pas entendu condamner fortement ces violences. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à un moment, il y a quand même des fils qui se touchent. » Et le député UMP Bernard Deflesselles d'en rajouter : «On est arrivé à la limite du supportable. Besancenot prend beaucoup de risques à flirter avec la ligne jaune. Il a pratiquement dit, à demi-mots, qu’il comprenait ces violences. Trop, c’est trop. » Ces propos feront réfléchir ceux qui nous désignent à longueur de colonnes comme des alliés objectifs de Sarkozy…
Affaibli par une crise qui ridiculise son modèle et ne sachant que répondre à la colère sociale, le pouvoir n'a plus qu'une seule voie: celle de la répression, dont nous n’avons eu qu’un avant-goût. Il nous faut mettre en place un véritable réseau national antirépression, qui fédère tous les collectifs existants. Avec les avocats progressistes, les journalistes restés indépendants du pouvoir, les organisations qui défendent les libertés publiques, les syndicats, et enfin, toutes celles et tous ceux qui veulent s’inscrire dans un tel cadre unitaire. Les militants du NPA s’y emploieront.