En organisant un référendum pour la départementalisation de Mayotte, la France continue à bafouer le droit à l'indépendance de l'archipel des Comores.
En 1841, la France place les îles de Mayotte, qui font partie géographiquement de l'archipel des Comores, sous son « protectorat » et récupère ainsi un port stratégique important. En 1892, l'ensemble des Comores, dont Mayotte, devient la colonie « Mayotte et dépendances » qui sera rattachée à la colonie de Madagascar. Les révoltes de 1915 et 1940 seront vite réprimées. En 1958, les Comores accèdent au statut de territoire d'Outre-mer.
Face à la volonté d'indépendance qui s'exprime de plus en plus fort, le gouvernement français organise un référendum et s'engage à respecter l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores, conformément au droit international qui impose le respect des frontières issues de la colonisation. En même temps, ses représentants sur place attisent les contradictions entre les îles. Le 22 décembre 1974, 96 % des Comoriens choisissent l'indépendance mais, à Mayotte, 64 % y sont opposés. Le gouvernement revient alors sur ses engagements et les Comores, qui proclament leur indépendance en 1975, sont amputées, de fait, d'une partie de leur territoire.
Malgré les condamnations répétées de l'ONU et de l'Organisation de l'unité africaine, l'impérialisme français, sous des statuts divers, intégrera de plus en plus Mayotte dans le cadre de la République française tout en menant une double politique. A Mayotte, où il maintient un niveau de vie supérieur aux autres îles, mais nettement inférieur à celui de la Réunion, il développe l'idée que seule la départementalisation peut permettre à l'île de rattraper son retard. Sur les autres îles, il provoque l'instabilité par de multiples coups d'Etat, en développant la corruption, en encourageant les menées séparatistes qui aboutissent à un pouvoir fédéral faible. Grâce au « franc comorien », rattaché à l'euro, il interdit tout commerce avec les pays de la région.
Depuis 1995, le « visa Balladur » empêche les Comoriens de circuler librement entre Mayotte et les autres îles de l'archipel, séparant les familles, multipliant les expulsions illégales (13000 en 2008) et les centres de rétentions indignes. La marine française pourchasse les bateaux de ces « clandestins », qui ne franchissent pourtant aucune frontière.
C'est que Mayotte constitue une base militaire, un poste de surveillance important pour l'impérialisme français à l'entrée du canal du Mozambique, entre Madagascar et l'Afrique, par où transite une grande partie du pétrole mondial.
Ce que demande le peuple comorien c'est bien sûr le respect par la France de la légalité internationale par l'annulation du référendum et du « visa Balladur » mais c'est aussi la reconnaissance de l'intégrité territoriale des Comores. Et pour cela il réclame non pas le retour pur et simple, du jour au lendemain, de Mayotte dans l'Union des Comores, mais l'ouverture de véritables négociations sous l'arbitrage d'instances internationales.