Publié le Mardi 2 juin 2009 à 20h14.

MODEM : marketing politique

Cherchant la posture du meilleur opposant à Sarkozy, François Bayrou vise la présidentielle de 2012. 

François Bayrou est en pleine campagne, on ne peut pas passer à côté. Ces derniers temps, il multiplie les petites phrases et les couvertures des journaux. Reste à savoir s'il fait la campagne des européennes ou celle de la présidentielle ! Il ne s'en cache pas, pour lui, le seul adversaire, c'est Sarkozy, et la seule échéance, c'est 2012. C'est ainsi que le Modem a commencé sa campagne, à coup de com'. Son porte-parole intervient sur tous les sujets, s'affichant comme un bon opposant à Sarkozy. Sur la forme, en tout cas.

Qu'en est-il réellement sur le fond ? Eh bien, il ne faut pas oublier que le Modem fait partie du groupe politique de l'Alliance des démocrates et des libéraux européens (Adle) au Parlement européen. En réalité, avant d’être démocrate, ce groupe est majoritairement libéral (75 députés sur 99) et ces élections, qui s’annoncent favorables aux libéraux européens, risquent d’accentuer encore la tendance. Même si, depuis quelque temps, le Modem vote avec la gauche sur beaucoup de questions économiques, il n’en garde pas moins son identité libérale. Il a voté à 77 % avec le Parti populaire européen (PPE), mais aussi à 75,5% avec le Parti socialiste européen (PSE), 62 % avec les Verts, 51,5 % avec les communistes et 45 % avec les villieristes. Alors le Modem est-il un caméléon ?

Il est vrai que, même si l’Adle est plus à droite que le PSE, le travail de négociation permet d’élaborer des compromis dans lesquels ces deux groupes peuvent se retrouver. Mais il ne faut pas être dupe : si Bayrou gauchit son discours pour étouffer les votes socialistes, il n’en est pas pour autant devenu un. Et même s’il se plaît à dire que les socialistes (tout comme les gaullistes) ne lui sont pas étrangers, il faut garder à l’esprit qu’il ne fait que les utiliser pour créer des alliances qui lui seront utiles un peu plus tard. Bayrou ne les considère pas comme des adversaires directs, puisqu’il s’en sert de marchepied! Pour le PS et pour l’UMP, Bayrou devient un peu trop encombrant dans cette campagne.

A grands coups d’antisarkozysme, son discours porte, d’autant qu’il a reçu un chouette cadeau du sénateur du Rhône Michel Mercier, en décidant de parrainer le Modem afin qu’il accède à un temps de parole supplémentaire durant les deux dernières semaines de campagne. Bien joué de la part de Bayrou. La communication, il sait ce qu'il en est ! D’ailleurs, il n’y a qu’à voir sa campagne « virtuelle ». Les « démocrates » ont envahi la blogosphère, les petites phrases sont relayées et leur présence agace. Meilleur opposant ? Un bon coup marketing plutôt. Grappillant à gauche et à droite quelques électeurs et quelques idées, le Modem devient un pot-pourri politique, qui ne fait que tremper dans une sauce libérale indigeste. Si le plat est joliment coloré, il est loin d’innover.