Vendredi 7 et samedi 8 janvier s’est déroulé à la Sorbonne un pseudo colloque visant à « étudier les tenants et aboutissants de la pensée décoloniale, "wokisme", ou "cancel culture" et comment elle s’introduit dans le système éducatif pour y imposer une morale au détriment de l’esprit critique ». Rien que ça…
En fait, ce colloque n’avait rien d’universitaire ou scientifique, mais c’était un meeting politique de propagande dans la droite ligne des déclarations de l’an dernier de Blanquer et Vidal qui voulaient faire la chasse à « l’islamogauchisme » qui « gangrène l’université ». Officiellement il n’était plus question d’islamogauchisme, mais le concept reste le même, simplement renommé « pensée woke et cancel culture ». De nombreux intervenants étaient d’ailleurs dans la mouvance de la droite extrême. On a retrouvé là tout le courant réactionnaire autour du Printemps républicain, de Valls à Zemmour, qui stigmatise les musulmanEs, mais aussi les gender studies, les mouvements LGBT, etc. Ce colloque a libéré une fois de plus un discours, prétendument scientifique, mais en réalité raciste, sexiste, homophobe…
Un discours d’extrême droite cautionné par l’État
Ce n’est d’ailleurs pas surprenant que parmi les rares étudiants présents, on retrouvait à l’accueil, pour aider au contrôle des pass sanitaires, des militants de l’UNI, proches de Zemmour. Et le gouvernement soutient et promeut clairement ce discours politique qui fait le jeu de l’extrême droite : en venant ouvrir le « colloque », Blanquer a légitimé le discours « antiwoke » et poursuit sa campagne de droite dure où la laïcité devient un prétexte pour développer l’islamophobie et le racisme. Il a d’ailleurs confirmé avoir financé ce meeting « sur un fonds réservé » ! Blanquer reprend donc sans scrupule des thématiques venues de l’extrême droite. Cela témoigne du climat délétère en France, avec une droitisation forte du champ politique et intellectuel.
Ce meeting ne s’est pas tenu sans réaction. Au niveau des personnels, la CGT et Solidaires ont diffusé des communiqués dénonçant ce pseudo-colloque, dans sa forme et dans son contenu. Au niveau des étudiantEs, une large alliance s’est nouée avec Solidaires étudiantEs, l’UNEF, le NPA, des associations, pour dénoncer l’événement et aussi appeler à un rassemblement le jour de l’ouverture du colloque. Une vingtaine de personnes étaient présentes avec une banderole, car les délais de mobilisation ont été très courts, et que cela tombait en plein partiels. Mais c’était important symboliquement. Devant la salle (les opposantEs n’ont bien sûr pas pu rentrer), une prise de parole a été faite sous les applaudissements de nombreux étudiantEs qui passaient.
Ne laissons pas se propager à l’université et ailleurs ce discours réactionnaire ! Il va falloir d’ailleurs se remobiliser rapidement puisque nous avons aussi appris que Zemmour et Le Pen risquaient de venir à la Sorbonne en février et mars…