La journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie rappelle les nombreux combats qu’il reste à mener pour défendre les droits des personnes LGBTI. Comme tous les ans, le 17 mai, la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie a mis en lumière les crimes et les inégalités que subissent les personnes lesbiennes, gays, bis, trans et intersexuées (LGBTI) à travers le monde. L’émergence de mouvements d’émancipation dans de nombreux pays du monde a donné une visibilité aux luttes vitales contre la répression, les violences et la criminalisation des homosexuels et des personnes vivant une transidentité. Cette solidarité évidente avec les victimes de répression en raison de leur orientation sexuelle ou de leur genre doit aussi être réfléchie dans le contexte de la mondialisation et des guerres impérialistes. À travers l’opposition idéologique entre « civilisations », les questions LGBTI se retrouvent parfois, bien malgré elles, être un enjeu politique, dans lequel certains États se réclamant de valeurs libérales instrumentalisent hypocritement l’homosexualité comme symbole des valeurs occidentales. Pourtant, l’homophobie n’a ni frontières ni religion favorite : de la Pologne aux États-Unis, de l’Iran au Sénégal, les LGBTI et leurs mouvements ne sont bien souvent que les boucs émissaires de politiques réactionnaires. L’internationalisme implique de penser le soutien avec ceux et celles qui luttent dans leurs pays, tout en combattant les politiques impérialistes de nos États, qui maintiennent une partie de l’humanité dans la pauvreté et la misère et soutiennent les pires dictatures quand leurs intérêts sont en jeu. Lutter contre la LGBTI-phobie et construire une véritable solidarité internationale consiste à prendre en compte les situations locales. Il ne s’agit pas d’imposer un modèle d’émancipation « occidental », mais de soutenir les formes de luttes et d’affirmation dans leur diversité. Être internationaliste, c’est aussi exiger la liberté de circulation des personnes et lutter contre les politiques racistes d’immigration et d’asile dont le durcissement démagogique privent les LGBTI d’un repli vital en cas de répression. Ce combat nécessite également de regarder la situation concrète des personnes LGBTI en France. Dans un contexte de crise du capitalisme, la casse des services publics et la remise en cause des droits sociaux font resurgir les discours de revalorisation de la famille comme cadre de solidarité « naturelle ». Ce retour aux solidarités familiales constitue une vraie régression pour l’émancipation individuelle et collective, pour le droit à disposer de son corps et de sa sexualité. Car lorsque leur entourage n’accepte pas leur identité ou leur sexualité, les individus sont contraints à l’enfermement dans la sphère familiale, à l’invisibilité ou à des situations de précarité parfois dramatiques. D’autre part, nos États, qui se targuent de modernité et de libéralisme, continuent à maintenir une inégalité de droits entre homos et hétéros, créant ainsi une catégorie de sous-citoyens. Et malgré les annonces ministérielles sur la « dépsychiatrisation »1, les personnes trans sont toujours soumises à l’arbitraire. Les batailles pour l’égalité des droits entre homos et hétéros, et contre la transphobie médicale et étatique, sont indissociables d’un combat plus global contre les inégalités et les oppressions que génère le système capitaliste. Gabriel Girard1. Lire à ce sujet l’interview de Cornelia Schneider dans Tout est à nous ! n° 44 du 25 février.
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