Ça y est, Dominique Strauss-Kahn est de retour à Paris. Ce qui fut qualifié de feuilleton médiatique s’achève sans doute, au moins temporairement. À moins que la question de la place de l’ex-directeur du FMI dans la campagne présidentielle le fasse rebondir. Vu le scandaleux soulagement du PS, tout est possible.
Mais l’essentiel est ailleurs. Toute l’affaire est une leçon de choses, du point de vue du rapport de domination exercé par les hommes sur les femmes.
Le caractère affligeant des réactions d’une partie de l’élite politico-médiatique a révélé que l’oppression des femmes appartient au passé, il a réveillé les consciences féministes, libéré la parole. Mais le tableau est bien sombre : la force des préjugés sexistes (avec en plus ici le prisme de classe), la tolérance sociale à l’égard des violences faites aux femmes, l’invisibilité de la victime présumée, l’amalgame entre viol et sexualité extraconjugale, tout cela convergeant finalement dans la décision du juge d’entériner la proposition du procureur Cyrus Vance d’abandonner tous les chefs d’inculpation contre DSK. Il n’y aura donc pas de procès au pénal, pas de débat contradictoire et nul ne saura ce qui s’est passé dans la chambre du Sofitel.
Comme c’est l’usage dominant en cas de viol, la parole de la victime présumée a été d’emblée mise en doute, elle est finalement niée. Durant plusieurs semaines, on a assisté à un procès en suspicion mené, de différents côtés, contre Nafissatou Diallo en s’appuyant sur son passé. C’est cette entreprise de décrédibilisation sur laquelle s’appuie la décision du juge.
Il faut dénoncer avec force cet état d’esprit qui consiste à insinuer qu’il y aurait des victimes respectables et d’autres non. Une agression sexuelle, un viol restent un crime, quel que soit le passé de celle ou celui qui subit ces agissements. Et, cela ne fait aucun doute, il y a bien plus de violeurs qui dorment tranquilles que de femmes qui ont abusivement déposé plainte pour viol. Ajoutons qu’en matière de crédibilité, DSK se pose là. Après avoir crié au complot, sa défense est contrainte d’admettre que la rencontre fut fortuite. Après avoir nié qu’il y ait eu rapport sexuel, elle est bien obligée de constater qu’il est établi. Il a duré entre 7 et 9 minutes, après que DSK est sorti nu de sa salle de bains. La défense prétendait qu’en si peu de temps, le rapport sexuel était « impensable ». Voilà qu’il est « précipité mais consenti »… Tout cela construit-il une version des faits a priori plus crédible que celle de Nafissatou Diallo ? On ne voit pas bien en quoi.
La décision du juge, compréhensible sans doute de son point de vue, au regard des moyens qui allaient être mobilisés par la défense de DSK, est un coup très dur contre le droit des femmes victimes de violences sexuelles, de viols. Le NPA continuera de mener inlassablement le combat aux côtés de celles et ceux qui luttent contre ces violences, et pour la reconnaissance du viol comme un crime.
Ingrid HayesRV le 11 septembre à 14 heures, place des Vosges à Paris, pour protester contre les violences faites aux femmes.