Le 17 octobre rappelle, chaque année, la date du massacre par la police française de 200 à 300 Algériens manifestant pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé à l’époque.
Le couvre-feu visant les AlgérienEs avait été décidé par le gouvernement et mis en œuvre par le préfet de police Maurice Papon. Un Papon dont la carrière marque une continuité, de la déportation des Juifs bordelais pendant la guerre à la répression sanglante des indépendantistes algériens. Ce 17 octobre, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestantEs furent arrêtés, emprisonnés, torturés et, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie.
Crime et mensonge d’État
Des centaines de personnes perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police. Leur nombre n’est pas exactement connu car tout a été fait pour dissimuler les faits : des vivants aussi bien que des déjà morts ont été précipités dans la Seine. C’est le sens de l’inscription « Ici, on noie les Algériens » tracée de nuit sur le parapet d’un quai de la Seine par notre camarade Jean-Michel Mension (Alexis Violet dans la LCR), alors membre du PCF (l’inscription a été bien sûr très rapidement effacée). La cour de la préfecture de police, le Palais des sports, un stade… avaient été transformés en lieux de torture et de meurtres. D’emblée, Papon, couvert par le gouvernement, a menti sur ce qui s’était passé en déclarant que des coups de feu avaient été tirés sur la police (alors que les manifestants étaient désarmés) qui avait riposté tuant deux Algériens et en blessant plusieurs. Pourtant, ce n’était pas la première fois que la police parisienne tirait sur des Algériens : ainsi, le 14 juillet 1953 (donc avant même le début de la guerre d’Algérie), la police avait ouvert le feu place de la Nation sur la fin de la manifestation syndicale organisée pour commémorer la Révolution française, tuant 6 Algériens (ceux-ci s’étaient regroupés en fin de cortège).
Justice et vérité
Le NPA s’associe à cette commémoration du 57e anniversaire, comme plusieurs associations, syndicats et partis politiques. Pendant des années, la vérité a été cachée sur la réalité du 17 Octobre 1961, comme sur bien d’autres crimes commis par l’armée et la police françaises contre le peuple algérien.
Cette année, Emmanuel Macron a enfin reconnu l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française. En 2012, son prédécesseur François Hollande avait fait un premier pas sur le 17 Octobre en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais cela ne suffit pas : la responsabilité de cette répression n’est pas clairement définie, alors qu’il s’agit d’un crime d’État commis par les « forces de l’ordre » aux ordres du gouvernement, et non de dérapages.
Les initiateurs des rassemblements continuent d’exiger que cette vérité soit clairement reconnue par les autorités de l’État français, et que la lumière soit faite sur les tortures, assassinats, internements dans des camps, dont ont été victimes des milliers d’AlgérienEs. L’appel au rassemblement parisien dénonce aussi le racisme et l’islamophobie qui continuent de régner en France.
Henri Wilno