Une des fables préférée de l’idéologie capitaliste est celle du « self-made man » (l’homme qui s’est fait lui-même) : l’individu, méritant et parti de rien ou presque, qui s’élève honnêtement jusqu’aux sommets de la fortune.
Le rapport 2020 de l’ONG Oxfam sur les inégalités dément largement cette belle histoire. Au niveau mondial, un tiers de la fortune des milliardaires provient d’un héritage et un tiers de rapports de connivence plus ou moins clairs avec les gouvernements. La part de l’héritage est beaucoup plus élevée dans les pays d’implantation ancienne du capitalisme : entre 58 et 70 %.
Certaines personnes héritent de milliards de dollars ou d’euros, et d’autres, comme Trump, héritent de centaines de millions qui leur permettent de devenir milliardaires. Qu’elle soit héritée ou obtenue d’une autre façon, l’extrême richesse acquiert une dynamique propre, au point de s’auto-alimenter par des placements ou investissements. Depuis 2009, selon Oxfam, la fortune des milliardaires a augmenté en moyenne de 7,4 % par an, un taux nettement supérieur à ce qu’un épargnant ordinaire pourrait obtenir.
Les plus riches se servent également de leur fortune pour payer le moins d’impôts possible en contractant les services d’une armée de conseillers fiscaux et en tirant parti des paradis fiscaux. Ces super-riches, dont une grande partie de la fortune est constituée d’actions des entreprises, sont également les principaux bénéficiaires du rapide nivellement par le bas de l’impôt sur les sociétés et de l’évasion fiscale que celles-ci pratiquent largement ce qui accroit les versements de dividendes pour les riches actionnaires et accentue encore leurs richesses. Entre 2011 et 2017, les salaires moyens ont augmenté de 3 % dans les pays du G7. Tandis que les dividendes empochés par les actionnaires ont bondi de 31 %. Ce sont eux également qui bénéficient de la baisse de l’impôt sur la fortune.
Self-made man, ruissellement des riches vers le bas : tout cela ne sont que belles histoires. Et la richesse n’est pas seulement un monceau de billets de banques, des propriétés et des bijoux : c’est le pouvoir sur les entreprises et sur l’État par l’intermédiaire de politiciens qui se font parfois concurrence mais ne remettent pas en cause les intérêts de leurs maitres. Ce que démontre jour après jour la politique de Macron. Dans une France où sept milliardaires possèdent plus qu’un tiers de la population et où les 10 % les plus riches concentrent la moitié des richesses.