Publié le Mercredi 7 mai 2025 à 08h00.

Circulaire Retailleau, la nationalité à la tête du client

Et un cran de plus dans la machine à exclure ! Avec sa nouvelle circulaire sur la naturalisation, Bruno Retailleau poursuit sa croisade xénophobe, fidèle à une droite décomplexée qui rêve d’une République barricadée. Après avoir déjà durci les conditions de régularisation dans la circulaire Valls en janvier, il s’attaque à la naturalisation comme s’il s’agissait d’un privilège réservé à une élite triée sur le volet. Bienvenue dans la république selon Retailleau : fermée, suspicieuse, punitive.

Derrière des mots feutrés « adhésion aux valeurs », « exemplarité du parcours », « autonomie financière » se cache une entreprise de stigmatisation. Par cette circulaire, les préfets sont sommés de jouer les douaniers du sang et de l’âme, d’enquêter sur la « moralité républicaine » des candidats, et surtout de les écarter au moindre faux pas. As-tu bien récité ta « Marseillaise » ? As-tu bossé cinq ans non-stop sans chômer ? As-tu eu l’audace de toucher une aide sociale ? Ouste !

C’est donc au nom des « valeurs de la République » que le locataire de la place Beauvau impose une sélection sociale et idéologique. Le niveau de français exigé est renforcé, la fameuse « adhésion aux valeurs » devient une grille d’évaluation politique floue. L’insertion professionnelle sur plusieurs années devient la norme, hors prestations sociales évidemment. Cinq ans était la durée qui courrait, « un CDI sur une année ou une somme de CDD sur vingt-quatre mois » est désormais avancé par le ministre de l’Intérieur. Dans tous les cas, le message est clair : pas de place pour les pauvres, pour les précaires, pour celles et ceux qui ne cochent pas toutes les cases du bon immigré modèle… et cela, alors que les inégalités explosent et que leurs conséquences sont plus importantes pour les personnes d’origine étrangère.

C’est l’arbitraire qui triomphe. La naturalisation n’est plus une chance d’émancipation, mais un test d’endurance sociale. Derrière l’obsession du « mérite », c’est la haine de classe et de race qui s’exprime. Retailleau n’a qu’un objectif : faire peur, humilier, diviser.

Et pendant ce temps-là, les vrais problèmes s’accumulent, la précarité flambe, les services publics s’effondrent, et l’extrême droite dicte l’agenda. Retailleau détourne l’attention en construisant l’étranger comme bouc émissaire.

La circulaire Retailleau n’est pas un simple texte administratif : c’est une déclaration de guerre à l’égalité. À nous de la refuser. À nous de rappeler que la nationalité, comme la dignité, ne se mérite pas : elle se garantit.