Si des captations des plénières et de l’intervention de notre direction politique doivent être diffusées sous peu sur notre chaîne Youtube, nous avons fait le choix de transmettre, à l’écrit, deux échantillons de notre participation au colloque, représentatifs de l’alliance de la théorie et de la pratique que l’on trouve chez HM et dans nos rangs.
Du 26 au 28 juin dernier s’est tenue la première édition française de la conférence Historical Materialism (HM) à Paris. Nous publions dans ce numéro deux introductions réalisées dans le cadre de HM. D'une part, celle de Vietnam-Dioxine, un collectif dans lequel nous sommes très investi·es. Et de l'autre, celle de Thierry Labica, traducteur invétéré du marxisme contemporain, membre du comité de rédaction de la revue, qui nous propose une éclairante synthèse sur le travail de Jameson et son concept de postmodernisme.
Les conférences de HM s’inscrivent dans les activités de la revue britannique du même nom, fondée en 1997. En insistant sur le matérialisme historique dans sa diversité, elle entend représenter la fécondité académique du marxisme malgré sa marginalisation croissante après les années 1970. Ainsi, depuis 2003, des conférences comparables qui réunissent chercheuses et chercheurs et militant·es se tiennent à Londres et sont dupliquées dans d’autres capitales. Hors d’Europe, des conférences Historical Materialism se tiennent en Asie où la vitalité tant du marxisme militant que des études postcoloniales nourrissent un champ dynamique.
Comme l’a écrit Aurore Koechlin, organisatrice de la conférence et membre de notre direction, dans son bilan paru dans l’hebdomadaire du parti : « la participation a été impressionnante : 1 000 propositions de communications, 500 intervenant·es venant du monde entier, 700 personnes présentes dès la première plénière et 1 200 participant·es au total tout au long du colloque. Le public était jeune, très jeune, prouvant une fois de plus que le marxisme reste une grille d’analyse théorique et politique qui convainc les nouvelles générations. Les débats ont été aussi nombreux que variés, abordant des sujets tels que le travail, le féminisme, le genre et la sexualité, la stratégie, la classe, l’antiracisme, l’économie, l’analyse du fascisme, l’écologie, l’intelligence artificielle, la Palestine, etc. »
Pour nous, le succès d’un tel événement, l’affluence possible et la visibilité qu’il offre, manifeste la place du travail des intellectuels — indistinctement organiques et non-organiques — en vue du recrutement dans la jeunesse et de la légitimité internationale de notre organisation. S’il est coutumier de présenter le tropisme intellectuel de notre organisation comme le risque d’une déconnexion de la classe ouvrière et de porter un soupçon sur la pertinence ou la légitimité d’élaborations raffinées jugées potentiellement « abstraites », il faut indéniablement compléter cette appréhension par la place de la théorie dans la radicalisation politique de la jeunesse et dans la légitimation des pratiques militantes. De même que notre présence d’agitation dans les élections présidentielles participe à rendre visible notre organisation, notre présence dans les espaces intellectuels est cruciale : pour nous connecter à notre temps, mais aussi pour toucher et aller à la rencontre de celles et ceux qui sont déjà convaincu·es « théoriquement » de l’importance de la critique marxiste du capitalisme mais qui ne sont pas organisé·es et qui pourraient voir dans notre organisation un espace de mise en commun et de concrétisation de ces critiques. D’une certaine manière, si dans le mouvement social il faut souvent « politiser et organiser », un travail comparable est à mener dans des espaces politisés qu’il faut « mettre en mouvement et organiser ».
Or, pour y intervenir, présenter une théorie avancée et actuelle est essentiel pour ne pas se couper d’une frange de notre camp. Nous pouvons nous féliciter de compter dans nos rangs deux des figures principales de son comité d’organisation, Aurore Koechlin et Ugo Palheta, dont les élaborations sur le féminisme et le fascisme sont au cœur de notre orientation. Nous avons confirmé notre rôle dans cet espace, par notre légitimité historique mais au-delà, par nos apports et notre intervention dans les polémiques actuelles, représentatives du mouvement de toute notre organisation : au-delà de la présentation des travaux d’une figure historique de notre courant comme Michael Löwy, nous y avons soutenu à travers l’intervention de notre direction politique en tant que telle, à travers la prestation remarquée d’Édouard Soulier, les orientations antiracistes qui ont été votées lors du dernier congrès à travers la notion de « position contradictoire dans la classe » pour caractériser les clivages raciaux, issue d’une adaptation hardie du marxisme anglo-saxon à la question de la race.