Les Assises « Changer de cap en France et en Europe » initiées par le PCF puis organisée par le Front de gauche auront lieu le dimanche 16 juin, à Montreuil (1). Au départ, le projet du PCF était d'organiser un débat « pour poursuivre la dynamique du 5 mai » en essayant de reprendre la main dans le cadre de sa politique du rassemblement majoritaire pour changer de cap. En ligne de mire, bien sûr, les élections municipales. Cette démarche a échoué. Au final, il n'y aura pas d'appel commun de l'ensemble des participants comme il le souhaitait. C'est la conséquence de la contradiction qu'il y a dans cette démarche : chercher à rassembler des forces qui participent à la majorité gouvernementale et des forces qui sont dans l'opposition… sans trancher lui-même sa position.
Le choix de s'opposerLe NPA a choisi d'accepter l'invitation à participer à ces Assises à partir du moment où cette participation n'implique pas un soutien à la stratégie du Front de gauche. « Nous savons que des désaccords et des divergences existent entre les différentes composantes du mouvement social et politique principalement sur la question de l’alternative politique et des moyens de la mettre en œuvre. Il nous faut en discuter. Mais ces divergences ne sont pas un obstacle pour, dès maintenant, discuter des moyens de mettre en échec la nouvelle offensive que patronat et gouvernement engagent contre le monde du travail » écrivons-nous dans une lettre adressée aux organisations qui, elles aussi, y participent.La discussion sur la nécessaire opposition de gauche au gouvernement est, cette fois encore, au cœur du débat. Il est indispensable que nous la portions dans toute sa dimension et ses implications, tant sur le terrain des mobilisations que sur les réponses aux politiques d'austérité ou l’alternative politique. « Changer de cap » ou construire une opposition ouvrière et populaire, la question est posée à toute la gauche sociale et politique. Les nouvelles attaques que préparent le gouvernement contre les retraites, comme la nécessaire lutte contre l’extrême droite, lui donnent toute sa pertinence. Mettre en échec ces attaques implique de préparer un affrontement avec le gouvernement, en travaillant à rassembler les travailleurs et leurs organisations. Y contribuer est le sens de notre participation au Assises.Nous serons présents, le matin, à deux tables rondes, « Quelles ruptures démocratiques, quelle république ? » et « Retraites : vivre plus longtemps, faut-il travailler plus longtemps ? ». À 13 h 30, Christine Poupin participera à la plénière « Quelle politique alternative à l'austérité pour la France et l'Europe ? ».
Yvan Lemaitre1. www.assises16juin.fr
Ci dessous la lettre aux organisations participantes aux assises.
ChèreEs camarades,
Nous nous félicitons que puisse s’ouvrir un large débat parmi toutes les forces poli-tiques, syndicales, associatives sur les moyens de répondre aux besoins du monde du travail et des classes populaires, de changer les rapports de force et sur la nécessaire alternative po-litique alors que la gauche libérale mène l’offensive pour le compte du Medef.
Nous regrettons cependant qu’il n’ait pas été possible de donner un cadre aux Assises qui permette à toutes les organisations souhaitant y participer de signer un appel commun. Cette situation exprime la contradiction devant laquelle se trouve le Front de gauche.
Il n’est pas possible de combattre les politiques d’austérité, la course à la compétitivité, le démantèlement du code du travail sans s’affirmer comme une opposition au gouvernement.
Ne pas choisir aboutit à une confusion qu’exprime la formule du « changement de cap ». Elle laisse entendre qu'il serait possible de changer de cap dans le cadre de la majorité ac-tuelle. L’idée de créer des « dynamiques majoritaires » participe de la même ambiguïté. Elle laisse entendre qu'il serait possible de changer de cap dans le cadre de la majorité actuelle. Dans le même ordre d’idée, ce que le Front de gauche appelle une « refondation sociale et démocratique » laisse entendre qu’une rupture démocratique serait possible sans une rup-ture avec le capitalisme et ses institutions.
Nous ne le pensons pas. Ces questions sont des points importants de la discussion au sein de l’ensemble du mouvement social qu’il aurait fallu laisser ouverte.
Sans doute eût-il été préférable de tenir des Assises contre l’austérité en laissant ouvert le débat sur la façon dont les uns ou les autres conçoivent l’alternative. Il ne s’agit ni d’ignorer ni de censurer ce débat et les désaccords qui existent sur ce point. Bien au contraire nous pensons que ce débat est indispensable mais il faut le laisser ouvert sans chercher à le tran-cher par avance ou à conditionner les restes de la discussion à un accord sur ce point.
La question d’une alternative politique ne se posera que si nous capables, tous ensemble, de mettre en échec les projets du patronat et du gouvernement, si nous sommes capables d’inverser les rapports de forces. Ce qui veut dire centrer l’ordre du jour sur la préparation des mobilisations nécessaires.
La première échéance que nous avons devant nous est la lutte contre les attaques annoncées contre les retraites. La tenue du sommet social les 20 et 21 juin pourrait être l'occasion, comme nous vous l’avons proposé, de dire ensemble notre refus de ces dernières par un ras-semblement ou une manifestation permettant de montrer que nous ne nous laisserons pas faire.
Nous sommes aujourd’hui confrontés non seulement à une aggravation de la crise, mais au choix du gouvernement de François Hollande de la faire payer au monde du travail et aux couches populaires, tout en défendant les intérêts de l’impérialisme français comme le montre l’intervention actuelle au Mali. C’est cette situation qui permet à la droite et à l’extrême-droite d’être offensifs et de se radicaliser en occupant la rue en créant un climat délétère qui encourage les groupes fascisants à passer à l’acte comme en témoigne le drame de la mort de Clément Méric.
Le changement de politique, nous ne l’obtiendrons que par le rapport de force sur le terrain des luttes sociales et politiques qui ont surtout besoin de converger et de s’unifier face à une politique cohérente au service des intérêts de la finance.
Nous n'avons pas à craindre de dire qu'il nous faut préparer l'affrontement avec ce gouverne-ment qui, loin de tirer les leçons de ses échecs, poursuit aveuglément la même politique. Nous voulons, ensemble, engager un large débat démocratique entre organisations poli-tiques, syndicales, associations, entre toutes les organisations du mouvement social pour créer une dynamique capable d’inverser le cours des choses.
Nous savons que des désaccords et des divergences existent entre les différentes compo-santes du mouvement social et politique principalement sur la question de l’alternative poli-tique et des moyens de la mettre en oeuvre. Il nous faut en discuter. Mais ces divergences ne sont pas un obstacle pour, dès maintenant, discuter des moyens de mettre en échec la nou-velle offensive que patronat et gouvernement engagent contre le monde du travail.
C’est en tout cas dans cet état d’esprit que nous souhaitons participer aux assises du 16 juin. Recevez, cherEs camarades, l’expression de notre salut fraternel
Pour le comité exécutif du NPA