Publié le Samedi 15 juillet 2023 à 08h00.

L’urgence de la radicalité pour désarmer l’État capitaliste et écocide

Le gouvernement annonce la dissolution par décret du mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre : 180 comités locaux, de nombreux collectifs et associations écologistes, des syndicats paysans et ouvriers, des partis politiques et tous ceux et toutes celles qui luttent pour préserver les conditions de la vie sur terre, sont concernéEs. Que se cache-t-il derrière cette menace surréaliste ? Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de réprimer si durement ce mouvement ?

Cette persécution étatique semble être symptomatique du danger qu’il représente pour l’ordre capitaliste. Les Soulèvements de la Terre déploient des moyens efficaces pour sensibiliser l’opinion publique et mobiliser massivement autour des luttes de défense des territoires, de l’eau, des terres agricoles et des communs face aux ravages de l’agro-business, de l’industrie du BTP ou encore des infrastructures écocides. Les 17 et 18 juin, ils ont été à l’initiative pour l’une des plus importantes manifestations internationales contre le projet du TAV (ligne ferroviaire à haute vitesse entre Lyon et Turin), un tunnel pharaonique qui devrait être creusé sous les Alpes et dont la fonction est d’intensifier les flux de marchandises internationaux et leur vitesse en doublant une ligne déjà existante et volontairement sous-exploitée. Ce grand projet imposé et inutile, contre lequel le mouvement NoTAV lutte depuis plus de 30 ans des deux côtés de la frontière, provoquerait l’artificialisation de 1 500 hectares, la mise en danger de l’accès à l’eau, l’effondrement de la biodiversité et une dangereuse pollution de l’air.

Le gouvernement fait la guerre à l’écologie

L’affrontement entre l’État policier et répressif et les Soulèvements de la Terre symbolise donc le conflit entre, d’un côté, la défense des intérêts privés et des logiques productivistes et d’accumulation du capital et, de l’autre, la défense des intérêts collectifs et des biens communs. C’est une lutte de classes que l’État bourgeois mène avec tous les moyens répressifs dont il dispose pour protéger les pollueurs et leurs profits en écrasant et criminalisant toute forme de contestation.

Les Soulèvements de la Terre sont accusés de mettre en place des actions de sabotage et de « désarmement » des infrastructures climaticides. Ces actions constituent au contraire des formes de lutte pour la survie, pour la protection et le partage des terres agricoles et des ressources naturelles. Les Soulèvements de la Terre constituent une étape historique du mouvement écologiste qui surgit suite à l’échec des marches et des grèves pour le climat. Bien que massives, ces dernières ont en effet été incapables de faire avancer le rapport de forces. Les Soulèvements agrègent différentes sensibilités et tactiques afin de neutraliser, à travers des actions spectaculaires et largement soutenues, les armes et les infrastructures de destruction massive du vivant empêchant toute forme d’adaptation climatique. Celles-ci sont financées et protégées par l’État contre les populations.

On ne dissout pas un mouvement

Ceux et celles que le gouvernement appelle des criminelLEs sont donc des militantEs politiques qui ont compris que les puissants épuiseront jusqu’à la dernière ressource existante sur terre, érigeront des frontières pour se l’accaparer et seront prêts à tuer comme ils le font déjà en Méditerranée avec les migrantEs.

Ce sont donc eux les criminels contre lesquels nous avons le devoir de nous battre en prenant appui sur le renouveau des luttes écologistes, que les Soulèvements incarnent, et en tissant des liens avec le mouvement ouvrier, afin de désarmer l’État capitaliste et écocide.

Nous continuerons à porter une écologie politique radicale, seule capable de freiner la course au profit et de poser les jalons pour une société écosocialiste où la production est aux mains des travailleurs et des travailleuses, des paysans et des paysannes, répond à des besoins sociaux authentiques et prend en compte les contraintes écologiques.

On ne peut pas dissoudre un mouvement, son élan vital, sa créativité, ses modes d’auto-organisation et ses rêves. Le mouvement se poursuivra, assumera d’autres formes et occupera d’autres espaces. Comme la taupe, il apparaitra brusquement à la surface pour imposer une autre société.