Le dimanche 18 novembre, partout dans les médias, on parle de gilets jaunes et de colère. Lundi, Castaner, le ministre de l’Intérieur, ose évoquer la « défense de la liberté de circulation » pour justifier l’envoi des flics contre les blocages. Une mauvaise plaisanterie ?
Nous étions un mois pile avant le 18 décembre, journée internationale des migrantEs. Ce même dimanche, un appel à manifester, lancé par les collectifs de sans-papiers, des syndicats et associations et la Marche des solidarités, atteint les 200 structures signataires : tous les collectifs des sans-papiers et migrantEs de la région parisienne, les syndicats, de la CGT à la CNT en passant par Solidaires et le Syndicat de la magistrature, des collectifs de solidarité multiples sur tout le territoire, de très nombreuses associations, les États généraux des migrations, le collectif Rosa Parks et la Marche des solidarités. C’est la première fois que tous ces réseaux se regroupent autour d’un appel à prendre la rue aux côtés des migrantEs.
Un monde barbare
En Méditerranée, la liste des noyéEs continue de s’allonger par la seule responsabilité de ceux qui refusent d’ouvrir les frontières. Début novembre les chiffres officiels annoncent plus de 2 000 mortEs depuis janvier. Mais il y a aussi toutes les routes de la migration hérissées de pièges, de contrôles et d’exploitation barbare de la détresse.
Alors l’appel dit : « Nous marcherons aux flambeaux en mémoire des dizaines de milliers de femmes, hommes et enfants morts sur les routes de la migration, victimes des frontières et des politiques anti-migratoires des gouvernements des pays les plus riches de la planète et de leurs complices. »
À Agadez, ville du nord du Niger, une association tente de documenter les morts de migrantEs dans le désert. Pour son représentant, « il est temps de briser le silence sur toutes ces tragédies ayant cours dans le désert. Des migrants meurent dans l’anonymat du désert et cela est consécutif à l’implacable répression du phénomène par les autorités nigériennes sur financement de l’Union européenne ». À la sortie d’Agadez l’armée US installe sa plus grande base en Afrique. Un peu plus au nord, à Madema, la France a sa propre base militaire. Le budget militaire du Niger a été multiplié par 10 depuis quatre ans. On parle aussi de projets militaires allemands et chinois dans la région. Frontières au nord et domination du Sud sont les deux faces de la même logique, raciste et guerrière. Sur le dos des migrantEs les pays les plus riches, États-Unis et France en tête façonnent un monde de plus en plus barbare.
Une opportunité à ne pas manquer
Les réseaux qui appellent à manifester le 18 décembre ne se contentent pas d’appeler à descendre dans la rue. L’appel exige rien moins que la liberté de circulation, la fermeture des centres de rétention, la régularisation des sans-papiers et l’égalité des droits.
Il indique : « Nous marcherons toutes et tous ensemble, contre la montée des nationalismes, des racismes et des fascismes qui s’étendent sur l’Europe et le monde. […] C’est en luttant ensemble que nous pourrons nous battre efficacement pour une société meilleure et égalitaire. »
C’est sur cette base qu’il faut maintenant construire, dans nos quartiers, dans nos lieux de travail et d’études. Il y a un mois pour que cette audience se traduise en mobilisation concrète. Du Puy-en-Velay à Strasbourg en passant par Montpellier, Nice, Grenoble, Le Havre ou Saint-Étienne, des manifestations sont déjà en train de s’organiser. Pour la région parisienne, 300 000 tracts vont être imprimés, qui seront disponibles dans toutes les unions départementales CGT de la région.
Le 18 décembre est une chance à ne pas manquer : celle de participer à transformer la colère en riposte, avec un contenu clairement antiraciste et solidaire.
Denis Godard