Ce week-end a lieu la traditionnelle fête de l’Huma, le rassemblement politique le plus nombreux et le plus populaire
Comme d’habitude, des centaines de stands animés par les fédérations du PCF vont se dresser à La Courneuve et des dizaines de débats politiques auront lieu. Comme chaque année, la fête sera le reflet de l’état du parti et de ses discussions avec, comme l’année dernière, un service d’ordre privé, un espace international plus restreint, et une majorité de gens plus attirée par les spectacles et les concerts que par les débats.
Nous sommes à la veille des élections régionales, des échéances décisives pour ce parti qui arrive à combiner un langage « lutte de classe » et une pratique de plus en plus institutionnelle et électoraliste. Aujourd’hui, le PCF est secoué par la politique gouvernementale droitière du PS dénoncée en permanence... et par le vote PS au second tour « pour battre la droite » et sauver – grâce aux voix du PS – les milliers d’éluEs municipaux et régionaux dont il dispose encore.
C’est d’ailleurs sur ces questions qu’ont commencé les premiers déchirements avec le PG de Mélenchon, notamment sur les accords PCF-PS réalisés dès le premier tour des dernières municipales à Paris ou à Toulouse. Des déchirements accentués par les zigzags des uns et des autres sur la situation en Espagne et en Grèce. En effet, il ne faut pas perdre de vue que PCF et PG font partie du Parti de la gauche européenne, regroupement international avec Syriza et Tsipras… C’est la raison pour laquelle PCF et PG soutenaient totalement le gouvernement Tsipras, puis le PG a pris ses distances pour finalement soutenir la scission, l’Unité populaire, tandis que le PCF, après plusieurs discours contradictoires, a décidé de conserver son soutien à Tsipras.
Ça se bouscule...
Mélenchon a invité sur son stand l’ancien ministre grec des Finances Varoufakis. Pour les présidentielles, il s’est déjà déclaré candidat à la candidature du Front de gauche... tout comme Pierre Laurent du PCF. Cela au moment où l’ancien ministre du PS Benoît Hamon déclarait dans l’Humanité du 3 septembre qu’il « n’exclut pas de participer à des primaires de la gauche pour 2017 ». Pour le moment, on a donc comme candidats potentiels à la gauche du gouvernement Pierre Laurent, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Artaud de LO, sans parler d’une candidature d’EÉLV et de Clémentine Autain d’Ensemble qui a refusé d’être sur la liste de soutien à Laurent mais hésite encore sur Mélenchon.
Bref, le PCF n’aime pas Mélenchon mais a besoin de lui pour ne pas se marginaliser, tout en ayant besoin du PS pour garder ses éluEs. Mélenchon a, lui, besoin des Verts et du PS au second tour. Divisés, les Verts ont quand même besoin du PS pour garder leurs éluEs.
Certes, personne ne peut se réjouir d’une telle division. Par ailleurs la majorité de ces candidats ont malheureusement en commun une vue institutionnelle et électoraliste de la prise du pouvoir et des changements à opérer. Un désaccord de fond dont on peut voir les conséquences en Grèce ou en Espagne, et qui pousse le NPA à envisager une candidature. Une question qui sera prochainement débattue.
Alain Krivine