Avec le vote global du budget à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, la pression monte au sein du Front de Gauche. S’abstenir ou voter contre ? « Dans la majorité qui a permis le changement » dixit Pierre Laurent, ou pour « une autre majorité de gauche avec des socialistes et des écologistes » comme le dit Mélenchon ?Jeudi 15 novembre, les sénateurs du groupe communiste, républicain et citoyen ont voté contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui a été rejeté. Ils ont donc confirmé le positionnement des élus du Front de Gauche à l’Assemblée nationale qui avaient eux aussi voté contre quelques jours plus tôt. Le problème maintenant posé au Front de Gauche est celui de s’opposer de façon conséquente à l’ensemble du budget d’austérité présenté par le PS, à l’Assemblée nationale et au Sénat où le PCF est en situation de faire et défaire la majorité. Des votes qui pourraient sonner la discorde entre les deux principales composantes du Front de Gauche.Car Mélenchon le dit partout : s’il y était, il voterait clairement contre. Du côté du PCF, les choses sont plus compliquées.
Votes différents ?Son vote contre le PLFSS, à l’Assemblée nationale puis au Sénat, met le PCF dans une certaine difficulté. Pour justifier son geste, le parti a sorti un communiqué officiel intitulé « La « solidarité majoritaire » au Sénat, c’est de ne pas refuser en 2012 ce que l’on a porté ensemble en 2011 ». Les dirigeants communistes y disent – à juste titre – que le PS, appuyé par la droite, a refusé tous les principaux amendements proposés par les parlementaires du Front de Gauche. Tout en rajoutant de suite « Pourtant la majorité est diverse comme l’a été le rassemblement qui a permis de chasser la droite. Cette diversité doit être respectée et entendue »… Toute la contradiction du positionnement du PCF y est résumée, contradiction confirmée par l’abstention des députés du Front de Gauche sur le vote global du budget à l’Assemblée nationale le mardi 20 novembre.Du côté du PG, on tortille moins. « On doit voter contre si on veut faire comprendre à l’opinion publique qu’il y a deux lignes à gauche » dit même Éric Coquerel. Et à François Delapierre de rajouter : « En votant contre, on dit : Si c’étaient nous, ce serait mieux ! ».
Stratégies divergentes ?Car derrière ces dissonances sur le vote budgétaire, des perspectives différentes s’affirment. Concluant la conférence de presse du lundi 12 novembre présentant le « contre-budget » proposé par le Parti de gauche, Mélenchon lui-même l’a formulé : « Je suis prêt à diriger le gouvernement de ce pays avec une autre majorité de gauche faite de socialistes et d’écologistes. On a de très bons économistes qui sont capables de déposer un collectif budgétaire vingt-quatre heures après ma nomination ». Cet objectif de constitution d’une majorité alternative qui mise sur l’échec de Hollande-Ayrault et du PS n’est pas du goût du PCF. Pour Olivier Dartigolles, « il ne faut pas dresser des murs à l’intérieur de la gauche ». Marie-Pierre Vieu va même plus loin : « on n’y arrivera pas uniquement en unifiant la gauche de la gauche (…) On ne peut pas être dans la négation du PS, même si on est conscient de son tournant libéral ».Alors que se profilent déjà à l’horizon les élections municipales où le PCF peut avoir beaucoup à perdre, le combat pour le leadership du Front de gauche est lancé. Il se dit même que la prochaine étape pourrait être la présidence du conseil national du Front de gauche actuellement exercée par Pierre Laurent… et que lorgne Mélenchon. L’unité est un combat ?Manu Bichindaritz