Ce n'est pas à proprement parler un scoop : les éditorialistes du Figaro et des Echos apprécient peu l'action syndicale. Mais faut-il que la lutte des agents d'EDF et de GDF les perturbe pour qu'ils en arrivent à perdre toute mesure, remplaçant les analyses et les arguments par l'insulte ? Pour Le Figaro, c'est : « EDF, GDF : ces casseurs qui bénéficient d'un emploi protégé. » Pour Les Echos, c'est « la grève indécente ». Le summum de l'hypocrisie est rapidement atteint : « Enfants gâtés de la crise à côté des ouvriers de Caterpillar ou de Continental, électriciens et gaziers ne sont pas animés, eux, par cette énergie du désespoir qui, seule, peut, sans la justifier, expliquer la violence. » Pourtant, on ne se souvient pas que Les Echos ait manifesté la moindre considération pour les Caterpillar ou les Continental !
En fait, on se demande ce qui, dans le propos de l'éditorialiste, est le plus misérable : la rage contre les travailleurs de l'énergie, ou la lamentable tentative d'instrumentaliser les salariés licenciés du privé ? S'agissant d'fEDF et de GDF, il existe bien des comportements « indécents » que la presse devrait se faire un devoir de dénoncer. A commencer par les rémunérations des dirigeants : en 2008, celle de Pierre Gadonneix, patron d'EDF, a augmenté de 25% pour atteindre 900000 euros annuels ; celle de Jean-François Cirelli a augmenté de 180% (!) pour atteindre 1297000 euros.
Sur cela, ni Le Figaro ni Les Echos ne s'appesantissent : ils jouent leur partition dans la vaste campagne gouvernementale, patronale et médiatique qui vise à salir et discréditer ceux et celles qui, las de trop subir, cherchent les moyens de la résistance et de la riposte. Et cette offensive s'attaque aussi bien aux salariés du privé qu'à ceux du public. Car l'objectif est bien le même : faire payer aux salariés, du public comme du privé, la crise dont sont, au premier chef, responsables ces multinationales'c qui possèdent aussi bien Le Figaro que Les Echos !
Et si leur hargne était à la mesure de leurs craintes !