Le gouvernement a finalement renoncé à moduler les allocations familiales en fonction du revenu. Les défenseurs de la modulation prétendent prendre aux riches pour donner aux pauvres. Il n'en est rien. Une telle mesure, que le patronat rêve d'étendre à la santé, ferait passer la Sécurité sociale d'une logique de droits égaux pour touTEs à un système combinant l'assistance minimum pour les plus démuniEs et le recours aux assurances privées pour les autres. Elle serait surtout un formidable cadeau aux patrons qui verraient leurs cotisations réduites une nouvelle fois. Le gouvernement a reculé, mais davantage pour ne pas mécontenter les associations familiales, y compris les plus réactionnaires, que pour satisfaire un souci de justice sociale.
On reste très loin de l'égalité. Celle-ci suppose que les allocations soient attribuées dès le premier enfant et fortement revalorisées, car leur niveau actuel est très insuffisant pour faire face aux besoins des familles. Les allocations familiales sont un élément du salaire socialisé, permettant d'élever ses enfants, et non un outil de politique nataliste !
Le choix a finalement été d'abaisser le plafond du quotient familial de 2 000 à 1 500 euros par demi-part. Cette mesure ne corrige que très partiellement l'injustice d'un mécanisme qui profite scandaleusement aux familles les plus aisées, car chaque enfant apporte une réduction d’impôt d’autant plus forte que les revenus de ses parents sont élevés. La droite crie à la hausse d’impôt mais il en faudrait beaucoup plus pour rétablir la justice fiscale : supprimer purement et simplement le quotient familial et établir une fiscalité beaucoup plus progressive.Il en faut bien plus que les mesures annoncées pour assurer l'accueil des enfants de moins de trois ans et l'accès réel des femmes à l'emploi. Aujourd'hui, moins de 15 % des enfants accueillis le sont en crèche. 57 % des mères ayant un enfant de moins de 3 ans travaillent contre 75 % de l'ensemble des femmes de 25 à 45 ans. Et ce ne sont pas 100 000 places promises en crèche qui vont changer la situation !
Christine Poupin