Ce mardi 9 mars marquait la 3e journée de grève organisée autour du refus de l’augmentation du temps de travail des agents de la Ville de Paris. A l’appel d’une intersyndicale très large, un rassemblement devant le Conseil municipal avait lieu. Avec près de 4.000 grévistes recensés officiellement (sous-estimation chronique par l’administration), les collègues ont clairement exprimé leurs refus de travailler plus autour du slogan « Pas une minute de plus ».
Cette mobilisation est liée aux conséquences de la Loi Fonction Publique. Cela va conduire à la remise en cause de 8 jours de congés (donc 8 jours de travail supplémentaires sans être payés plus) et va également amener la Ville de Paris à revoir l’ensemble des cycles de travail des agents de la municipalité en supprimant les « sujétions », c’est-à-dire des aménagements du temps de travail basés sur des critères de pénibilité. Cela va donc plus loin que le cadre imposé par la loi.
La Ville de Paris prétend devoir se plier à la sommation d’appliquer la loi qui est un recul social. Pourtant, les seules collectivités qui se sont empressées de mettre en œuvre cette loi sont les collectivités de droite. D’autres collectivités s’y opposent publiquement en entamant un bras de fer avec l’Etat. La Maire « socialiste » met donc en place l’augmentation du temps de travail à l’heure où celle-ci se veut représenter la gauche aux présidentielles...
À travers cette question de jours de congés se posent plus largement la question du temps de travail et de l’emploi. L’augmentation du temps de travail va faire gagner l’équivalent de 2000 postes donc autant d’embauches qui ne seront pas faites. Avec la crise sanitaire et la crise sociale, la question qui devrait se poser est celle du partage du travail et donc de la réduction du temps de travail. C’est le seul moyen de répondre à la question du chômage de masse tout en créant des emplois statutaires, utiles à la collectivité, pour assurer un service public de qualité accessible à toute la population.
Cela pose également la question de la précarité, car aujourd’hui pour des économies budgétaires principalement, ce sont des milliers de précaires qui participent à assurer un service public. Le choix est donc fait de maintenir et développer la précarité qui risque par cette même loi de transformation de la fonction publique de devenir la règle. La titularisation des précaires serait pourtant une mesure de justice sociale.
Le temps de travail est aussi en lien avec l’écologie, tant il est vrai que la planète et ses débuts de convulsions (dont la pandémie) nous pressent à rejeter le modèle productiviste qui consiste à toujours travailler plus, produire plus, à mal consommer, gaspiller, à toujours courir, à perdre un temps de vie qu’on ne peut pas mettre dans sa poche ou sur un compte bancaire.
Alors que la crise sanitaire a démontré l’importance des services publics, la Ville de Paris compte continuer à démanteler les services et imposer la rigueur budgétaire. Augmentation du temps de travail, précarité : tout un programme pour Hidalgo aux présidentielles ?