Publié le Jeudi 21 mai 2009 à 12h36.

UMP : un écran de fumée

Derrière un tissu de mensonges et de déclarations hypocrites, l’UMP et Sarkozy cherchent à reprendre la main contre le monde du travail et ses mobilisations.

« La Turquie n’est pas en Europe, c’est une réalité géographique. Elle n’a pas vocation à entrer dans l’Union européenne », clament, pour flatter les sentiments xénophobes, les affiches de campagne de l’UMP. « L’Europe de la défense et l’Otan doivent avancer ensemble… », peut-on y lire aussi.

Dans son discours du 5 mai à Nîmes, par lequel il a ouvert la campagne de l’UMP, Sarkozy a vanté « l’Europe des pères fondateurs […], cette Europe qui avait décidé de ne plus assassiner sa jeunesse dans la boue répugnante des tranchées », comme si c’étaient les peuples, et non leurs classes dirigeantes, qui avaient été responsables des deux guerres mondiales, il se revendique de cette prétendue volonté de paix qui aurait été à l’origine de la construction européenne, mais c’est pour mieux vanter et tenter de faire accepter l’Europe qui mène, derrière l’impérialisme américain, une sale guerre en Afghanistan.

Même cynisme, mêmes mensonges, pour tenter de faire avaliser une politique qui consiste à faire payer la crise aux travailleurs et à la population. « Après le G20, il faut tout faire pour que la crise ne fragilise pas ceux qui travaillent dur pour faire vivre leur famille et ne fasse pas souffrir davantage les plus démunis », prétendent hypocritement les affiches de l’UMP au moment même où le gouvernement fait donner sa police contre les salariés qui refusent les licenciements ou orchestre la suppression de 35000 suppressions de postes dans la fonction publique.

Sarkozy condamne le « spéculateur », il parle de « régulation financière » et de lutte contre les paradis fiscaux. Mais cette « crise » qui, à l’entendre, tomberait du ciel, c’est bien sa politique, celle des classes dirigeantes qui en est responsable, en favorisant l’enrichissement sans limite de la minorité privilégiée dont il défend les intérêts. Et quand Sarkozy prétend vouloir, à la faveur de cette crise, « changer l’Europe », c’est pour aller plus loin encore dans cette politique, pour armer l’offensive contre le monde du travail et ses droits, imposer les « réformes » libérales. « Je le dis aux Français, a-t-il affirmé à Nîmes, après la crise, on remboursera les déficits parce que l’on aura investi davantage, parce que l’on aura fait les réformes qui rendront la France plus compétitive. » Et encore : « On ne peut pas vouloir faire l’Europe, faire circuler librement les capitaux, les hommes, les marchandises et en même temps augmenter les impôts. On ne peut pas vouloir faire l’Europe et refuser le bouclier fiscal que l’Allemagne a inscrit dans sa Constitution. »

Oui, c’est bien l’Europe des riches, de la finance, du système qui a conduit à la crise, que défendent Sarkozy et l’UMP. Les travailleurs ne sont pas dupes. Avec 27%, voire 33% des intentions de vote aux européennes, l’UMP est au plus haut dans les sondages, et c’est la première fois depuis bien longtemps qu’une majorité gouvernementale serait en passe de remporter des élections intermédiaires. Mais si le gouvernement se trouve aujourd’hui conforté par une situation où le mouvement social a été laissé dans l’impasse par les directions syndicales, le mécontentement et la révolte sont toujours là. Alors, face à l’UMP, le seul vote utile sera non pas celui pour un PS laissant les mains libres à Sarkozy, mais un vote qui permette d’exprimer cette colère et cette révolte, le vote pour les listes du NPA.