Publié le Vendredi 28 novembre 2025 à 14h00.

Centre d’études marxistes : Che Guevara, toujours vivant, toujours brûlant

Lundi 17 novembre, le Centre d’études marxistes (CEM) a réuni nos camarades Michael Löwy et Olivier Besancenot pour parler de la pensée politique du révolutionnaire pour qui les paroles devaient toujours être mises en actes, ce dont sa vie entière a été une brillante illustration.

Devant 75 personnes, les deux intervenants sont largement revenus sur les idées mises à l’écrit dans un livre commun écrit il y a 8 ans, Che Guevara, une braise qui brûle encore. Tout en réfutant la mythification et l’hagiographie du militant d’origine argentine, l’engagement, l’internationalisme, l’humanité, du Che ont irrigué les présentations liminaires et la discussion qui a suivi.

Une pensée indépendante et libérée

Passant des armes à la plume, Che Guevara a écrit de nombreux ouvrages, soit comme éléments de sa propre biographie, en particulier de jeunesse, soit pour aider à penser la situation de Cuba après la révolution de 1959. Michael Löwy a d’abord insisté sur la méfiance du Che par rapport aux écrits soviétiques, très formatés, pour se libérer du poids pesant de l’URSS. Portant une vision critique de l’économie soviétique, il s’en est progressivement détaché, développant la nécessité d’une planification réellement démocratique pour construire le socialisme.

Son internationalisme conséquent — qui l’a amené après Cuba à continuer la lutte guérillériste au Congo puis en Bolivie où il a été capturé puis exécuté — l’a aussi éloigné du stalinisme qu’il rejetait profondément.
Conscient que la lutte contre le capitalisme était internationale, il a soutenu les luttes des peuples du monde entier comme celle du Vietnam, illustrant un ­humanisme révolutionnaire profond.

Des idées pour l’action

Dans une seconde partie, Olivier Besancenot nous a amenéEs à nous départir des certitudes et du dogme, présentant un Che en constante interrogation, en perpétuelle évolution. La perspective d’une révolution ne lui est pas apparue comme une vérité révélée dans les livres, mais comme la conséquence nécessaire de rompre avec un ordre de misère défendu par des coups d’État et des dictatures, face auxquels la pratique réformiste reste inutile. Dans cette dynamique, il pense la lutte armée non comme une stratégie valable en tout temps et en tous lieux, mais plutôt comme une tactique adaptée à une situation donnée, posant aussi la question de l’appui nécessaire des masses.

Enfin, Olivier Besancenot a montré comment le révolutionnaire est toujours resté dans le ­collimateur des défenseurs de l’ordre en tout genre, présenté tantôt comme un aventurier apolitique, tantôt comme un stalinien sanguinaire… La preuve que sa pensée garde encore toute son actualité et sa pertinence pour penser l’action révolutionnaire et la place de l’individu dans cet acte émancipateur profond.

Prochain rendez-vous du CEM lundi 17 décembre pour parler de l’intersectionnalité et de la lutte des classes avec Sarah Mazouz, Sarah Mako et Aurore Koechlin.

Correspondant