Les 27-28 mai, le NPA a tenu son conseil politique national (CPN) à Paris pour discuter, notamment, de la confrontation du monde du travail avec l’État dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites.
Le CPN a d’abord adopté à l’unanimité une résolution politique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation est contradictoire. Ainsi, « à l’échelle nationale nous avons assisté à un des plus gros mouvements depuis 1995 et 2010, à l’échelle internationale nous constatons de forts reculs et des victoires du camp réactionnaire. » Le gouvernement d’extrême droite en Israël, le maintien d’Erdogan en Turquie, la réintégration d’Assad, le boucher de la Syrie, dans la Ligue Arabe, les dérives dictatoriales de Kaïs Saïed en Tunisie et d’Abdelmadjid Tebboune en Algérie, les généraux au Soudan qui s’écharpent sur le dos des Comités de Résistance, et la récente élection au Chili d’un Conseil constitutionnel aux mains de l’extrême droite témoignent d’une évolution inquiétante des rapports de forces à l’échelle internationale.
Un bilan d’étape du mouvement contre la réforme des retraites
De ce point de vue, « la politique menée par Macron s’inscrit dans ce contexte plus général de politiques libérales et autoritaires. » Le mouvement se distingue par trois phases successives. Une première phase (19 janvier 2023 – 16 mars 2023), centrée sur les manifestations très fortes dans les villes petites ou moyennes, avec une auto-organisation qui reste très faible. Une deuxième phase après l’utilisation du 49.3 le 16 mars et un pic de mobilisation atteint le 23 mars. Depuis, troisième phase, le mouvement social ne s’est pas transformé en un mouvement politique de masse, une grève générale, mais la pression et la colère sont toujours là : « Les casserolades ont maintenu la pression sur le gouvernement sur un terrain symbolique mais non négligeable. Il est difficile de voir comment le mouvement peut rebondir à ce stade. La journée de grève du 6 juin, deux jours avant un nouvel épisode parlementaire autour d’une proposition d’abrogation de la loi, est la prochaine date de confrontation. »
Construire les mobilisations écologiques, s’affronter à l’État et au capitalisme
La mobilisation du 25 mars contre les mégabassines à Sainte-Soline a constitué une étape particulière de l’articulation des luttes écologiques et anticapitalistes, ainsi que les mobilisations contre l’autoroute Castres/Toulouse le 22 avril et contre le projet d’autoroute à l’est de Rouen les 5, 6 et 7 mai.
La prochaine étape est celle de la mobilisation, qui dure depuis plus de vingt ans, contre le projet du Lyon-Turin, contre ce grand projet inutile, les 17-18 juin.
Réagir face à l’extrême droite et à la dérive autoritaire et raciste de l’État
Les manifestations contre la loi Darmanin du 25 mars se sont inscrites dans la contestation globale de la politique du gouvernement et ont été des succès. Le gouvernement va revenir à la charge cet été. Une politique de pyromane qui montre déjà en partie ses effets : les groupuscules se sentent légitimes à agir sans que l’État soit un obstacle à leurs exactions, par exemple dans l’affaire du maire de Saint-Brévin. La forte implantation militante de l’extrême droite dans la police, l’existence d’escadrons spécialisés dans l’affrontement direct avec le mouvement social, l’institutionnalisation du RN avec sa présence significative à l’Assemblée… sont autant de marqueurs de la transformation autoritaire de l’État.
Front unique et parti
Pour construire la grève du 6 juin, contre la loi Darmanin, dans les luttes sur les salaires, les luttes écologiques, nous maintenons « une double orientation unitaire et révolutionnaire ».
Même si elles ont lieu dans un an, les élections européennes seront les premières échéances électorales importantes après la mobilisation des retraites. Nous testons les possibilités d’un front uni pour y défendre la nécessité de la rupture avec les politiques libérales européennes mises en place depuis des décennies.
En parallèle, nous devons renforcer notre organisation et son projet. C’est dans cet esprit qu’ont été adoptées les compositions de trois commissions : cause animale, immigration-antiracisme, intervention féministe. Une commission du CPN est mise en place pour organiser la Rencontre nationale des comités (RNC) prévue à l’automne. L’Université d’été sera une échéance centrale pour des débats approfondis.
Forum anticapitaliste
Enfin, les trois quarts du CPN ont adopté l’objectif de regrouper dans un forum anticapitaliste tout début juillet les composantes du mouvement social et les forces politiques avec lesquelles nous discutons.
Un texte d’appel a été écrit avec Rejoignons-nous et Ensemble ! Il a pour but d’être proposé ces prochains jours largement à la signature de militantEs et de représentantEs d’autres forces organisées (Gauche écosocialiste, PEPS, UCL…) et surtout de militantEs de la gauche radicale, du mouvement social, des quartiers populaires, en particulier que nous avons côtoyés dans le mouvement.