Publié le Samedi 1 octobre 2011 à 12h05.

Hommage : René Cottrez

René n’aura profité que quelques mois de sa retraite, avant d’être peu à peu accaparé par son dernier combat : deux ans à se battre contre un cancer dû à l’amiante avec le même courage qui l’animait dans ses combats contre l’exploitation et l’oppression. Ce n’est pas sans mal que la reconnaissance comme maladie professionnelle a été obtenue, car les patrons contestent de plus en plus, mais sauf erreur il n’y en a guère qui en aient été affectés... Jeune ouvrier embauché à Renault-Cléon, à 18 ans, René s’était jeté dans la fournaise des mois de mai-juin 1968. Il y joua un rôle déterminant dans le démarrage de la grève dès le 15 mai.

Militant révolutionnaire, il est resté fidèle à ses convictions, quelquefois dans des conditions fort difficiles, quand il s’était retrouvé, de la fin des années 1970 au début des années 1980, seul militant à défendre les idées de la LCR dans une usine de 9 000 salariés. Il avait joué un rôle important dans plusieurs grandes grèves, encourageant les travailleurs à agir par eux-mêmes, ce qui n’était pas bien vu par les dirigeants syndicaux de l’usine à l’époque. Il fut à plusieurs reprises candidat de la LCR aux législatives dans la circonscription d’Elbeuf. Passionné de photographie, il avait constitué une collection d’appareils unique. Il savait tout faire de ses mains et avait remonté, quasiment seul, une maison en ruine en Corrèze dont il comptait bien profiter avec sa famille et ses amis. Il était curieux de tout, et ses dernières lectures allaient du gros livre de Onfray sur Freud et la psychanalyse au Missak de Daeninckx sur la vie du résistant internationaliste Manouchian. Avide de connaissances, il était devenu un praticien du droit du travail redouté des patrons et de leurs larbins. À partir du secteur juridique, dans le cadre de l’union locale CGT d’Elbeuf, il s’était attaché à l’organisation des salariéEs, en particulier dans des boîtes où la politique patronale s’oppose à toute présence syndicale. La CGT Cléon lui avait aussi confié des mandats importants. Bourru, pas toujours facile d’abord et têtu comme une mule, c’était en même temps une figure reconnue, appréciée et respectée. Il restera dans toutes les mémoires comme un sacré bonhomme.

On était un certain nombre à l’aimer comme il était. Josette, dont il fut le compagnon de toujours, ses deux « gars » et leurs compagnes, ses petites-filles, en ont eu le témoignage par la nombreuse affluence et les hommages qui lui ont été rendus le jeudi 22 septembre au crématorium d’Évreux par Jacky Touzain, ancien secrétaire général du syndicat, Jean-Marie Canu, son vieux camarade et complice de toujours, et Christine Poupin au nom du NPA.

Nous continuerons ses combats pour changer radicalement cette vie et débarrasser l’humanité du capitalisme.

Ses camarades du NPA Haute-Normandie