« Vous n’êtes que des réactionnaires poujadistes ! » éructe le maire PRG, tandis que sa cour manifeste son soutien qui par un sourire, qui par un murmure d’approbation. Nous sommes à un conseil municipal ordinaire à Louviers. Sophie Ozanne vient de contester le choix de la majorité PRG-divers gauche-Europe Écologie, cette fois à propos de l’implantation de caméras de vidéosurveillance dans un nouveau quartier. Qu’il s’agisse de notre refus de voir alloués des crédits à l’école privée ou de l’augmentation des impôts justifiée par l’implantation nouvelle d’équipements inutiles et fastueux ; qu’il s’agisse de nos propositions de gratuité des transports ou de re-municipalisation de l’eau, les prises de position du NPA mettent le potentat local en fureur, et cela fait dix ans que ça dure. Notre élu précédent, Gérard Prévost, ouvrier à Renault-Cléon, avait aussi eu son lot de mépris. Dans les années 1990, la cellule lovérienne de la LCR avait su se fondre au sein du collectif À gauche vraiment (AGV) constitué lors de la première guerre en Irak. À force de terrain gagné, de lutte en lutte, aux côtés des ouvriers de l’usine de piles Wonder, pour la défense des sans-papiers ou pour celle de la maternité, notre mouvance s’est implantée. À gauche vraiment, puis LCR-AGV a obtenu ce siège. Siège qui est devenu NPA après la dissolution-intégration d’AGV et de la LCR. En 2008, il a manqué onze voix au second tour pour un deuxième élu. Autour de notre élue, une commission municipale prépare le travail et les interventions pour défendre notre ligne politique. La nouveauté depuis 2007, c’est qu’à force de se faire humilier, le PS et la majorité du PCF ont fini par rompre avec le maire, ardent défenseur de la « gauche moderne ». Il y a donc au conseil municipal deux oppositions de gauche : NPA, et trois élu-e-s PS-PCF. Localement, nous faisons ensemble tout ce qui est possible dans un cadre unitaire : animation du collectif contre la vidéosurveillance, pour la re-municipalisation de la gestion de l’eau, alors que le trust Véolia a la mainmise sur tout le territoire de la gestion des bus, des déchets et de l’eau. Sans se faire d’illusions sur la capacité de changer radicalement les choses au sein des institutions, et tout en accordant une place centrale à l’intervention dans les entreprises et aux luttes (comme cet hiver chez Sanofi-Pasteur et actuellement chez M-real), avoir des élus NPA dans la ville au centre d’une agglomération de taille moyenne comme la nôtre est important car cela permet d’accéder à l’information, d’avoir pour les militants une meilleure connaissance pratique des mécanismes de la démocratie bourgeoise pour mieux les dénoncer, de porter la contradiction et donner du corps et une certaine légitimité à nos propositions. L’information, c’est aussi évidemment l’utilisation des médias locaux que le NPA occupe régulièrement par son activité régulière et une tribune libre dans le journal municipal, dont le lectorat populaire nous intéresse particulièrement. Soucieuse de partager cette charge de travail très lourde et aussi d’avoir plusieurs personnalités localement bien identifiées comme militants révolutionnaires, Sophie cédera bientôt son siège au conseil à un autre camarade. Ainsi, le NPA continuera son travail municipal à Louviers, mais d’ici qu’on ait la majorité, il faudra que ça ait sacrément bougé dans le pays... Commission municipale du comité de Louviers.